«Les oligarques veulent extirper l'Algérie de ses racines, ils veulent abattre le secteur public» Hanoune s'interroge sur les desseins de certains ministres et exprime sa crainte quant à «la pérennité de l'Etat». «Le nouveau ministre des Transports ira-t-il vers la libéralisation du secteur en l'ouvrant au capital privé? Le ministre des Finances dont les opinions sont libérales, va-t-il aller vers l'ouverture du capital des banques au privé? Va-t-il appliquer ses recommandations d'expert qui consistent à rapprocher le dinar de sa parité réelle? Le ministre de l'Agriculture va-t-il continuer à lutter contre l'importation anarchique des produits alimentaires?» s'est interrogée, Louisa Hanoune, hier, lors d'une rencontre tenue à la salle El Mougar à Alger avec les militants de son parti issus des wilayas du Centre. Observant d'emblée que le nouveau gouvernement est «contradictoire dans sa composition» et qu'il compte toujours en son sein, malgré les engagements du président de la République, quelques têtes de «l'oligarchie prédatrice», la patronne du Parti des travailleurs, alarmiste, a déclaré que «nous sommes dans la situation la plus difficile depuis l'indépendance, plus difficile que la période du terrorisme». Enumérant les menaces qui se trament autour de l'Algérie, elle cite entre autres «le renforcement de la base américaine à El Moron de la Frontera au sud de l'Espagne, l'installation d'une autre en Tunisie et ainsi que la mise en oeuvre du projet de Bush qui consiste à fragmenter le Monde arabo-musulman». Mais, en plus de ces dangers externes, «l'Algérie fait face à un véritable danger interne représenté par l'oligarchie aux appétits voraces qui veut accaparer l'Etat, le privatiser au détriment de la collectivité nationale». «Les oligarques veulent extirper l'Algérie de ses racines, ils veulent abattre le secteur public Nous nous attendions à des mesures audacieuses de la part du président de la République, mais les oligarques sont toujours là. La politique étrangère algérienne est à saluer mais elle n'est pas en adéquation avec ce qui se fait sur le plan interne», a-t-elle constaté à cet effet. Par ailleurs, poursuivant son réquisitoire contre le gouvernement Sellal, Louisa Hanoune considère que ce dernier agit sous la pression de l'oligarchie dont les intérêts, a-t-elle précisé, ne se rencontrent nullement avec ceux des travailleurs. «Le premier ministre a parlé de réduction de la TAP, ceci est un cadeau aux oligarques et c'est inacceptable», a-t-elle tonné sous les applaudissements de ses troupes. Louisa Hanoune considère aussi que «la contractualisation, la privatisation, la règle des 49/51%, etc.» sont des cadeaux au profit «des prédateurs». «L'oligarchie veut privatiser l'Etat et met en danger aussi bien le secteur public que le secteur privé traditionnel», a-t-elle prévenu. Ceux qui disent qu'il n'y a pas de différence entre le public et le privé «ne font en vérité que se cacher derrière ce discours pour faciliter le «siphonnage» des richesses nationales». Et pour parer à cette situation où «l'Etat se trouve menacé dans sa pérennité», pour reprendre les termes de Hanoune, la solution est, selon le PT, «de geler les échanges qui s'effectuent dans le cadre de la zone arabe de libre-échange, de l'Accord d'association avec l'Union européenne, le rétablissement des barrières non-tarifaires, la lutte effrénée contre l'évasion fiscale et l'informel et l'institution d'un impôt sur la fortune».