Le lieu de prédilection pour les drogués, voyous et malfrats n'est autre que la bibliothèque de proximité, à la cité 1040 Logements de Ramdania, commune de Douéra. Cet espace, censé donner du savoir, a été tout bonnement clochardisé et transformé en un lieu de débauche. Située à deux pas d'un établissement scolaire, cette bibliothèque, dont le projet a été bizarrement abandonné, est victime d'un laisser-aller des autorités, dont l'insouciance est flagrante. «Des travaux ont été effectués dans ce rez-de-chaussée d'immeuble, des portes, du carrelage et du plafond ont été réalisés. Tout le monde était content et impatient de la voir ouvrir. Des semaines et des mois sont passés et les livres tardaient à venir. Des jeunes ont commencé alors à s'y rendre en cachette, puis ils ont saccagé les portes et vandalisé les lieux», raconte un habitant. Pis encore, à la nuit tombée, on y consomme de la drogue et de l'alcool. Outre les odeurs nauséabondes qui s'y dégagent, cette bibliothèque, transformée en toilettes publiques, fait peur aux résidants, qui craignent pour leur sécurité. «On a dépensé de l'argent, puisé dans le Trésor public pour le bien de la collectivité, en fin du compte ce projet est livré aux délinquants. C'est de l'argent jeté par la fenêtre en pleine crise économique, c'est scandaleux», rouspète un autre habitant. La cité 1040 Logements a pourtant grand besoin de ce genre d'infrastructures. Habité depuis deux ans, cet énorme pôle urbain est sans âme, malgré son plan architectural aux traits modernes. «Il n'y a rien ici. Ni transport, ni commerces, ni bureau de poste, etc.,», se plaint un jeune résidant. «C'est l'archaïsme total dans une cité flambant neuve», explique-t-on. «On aurait pu fermer les yeux sur tout le reste, mais nous priver d'internet est inacceptable. Il suffit de quitter cette cité pour que la connexion redevienne bonne», s'exclame un adolescent qui dit se morfondre à longueur de journée. Rencontré sur place, un membre de l'association de quartier, en voie de constitution, a dénoncé les lacunes que les responsables locaux tardent à combler. «Nous avons déposé un dossier de constitution d'une association de quartier au niveau de l'APC, pour que l'on puisse activer et faire pression sur les responsables, hélas, le maire tarde à la signer, le dossier est bloqué dans ses tiroirs», indique-t-il. Le seul point positif apporté depuis leur arrivée dans cette cité, il y a déjà deux années, c'est l'ouverture d'une salle de soins. Un dispensaire qui ferme toutefois à midi, au grand dam des habitants. Dans cette cité qui grouille de monde, il n'y a toutefois aucun commerce. Tous les locaux restent fermés, certains sont achetés par des particuliers sans qu'ils soient encore exploités. «Pour faire leurs courses, les habitants doivent marcher jusqu'à la cité limitrophe où un commerce est ouvert ou aller jusqu'à la ville de Tessala L'merdja. Ce qui n'est guère une mince affaire en raison du manque de transport de voyageurs.»