Le juge d'instruction près la cour de Sétif a procédé, samedi dernier, à la mise en détention préventive de 9 personnes (4 commerçants et 5 cadres dirigeants d'Eriad Sétif, dont l'ex-PDG du groupe) au motif de dilapidation de deniers publics et son utilisation au profit d'autres. Les Moulins des Bibans (Bordj Bou Arréridj), Ziban (Biskra) et les Transports El Fouara (Sétif), des filiales d'un groupe qui était, dans un passé récent, l'un des fleurons de l'industrie de l'agroalimentaire du pays, sont les plus touchés par le préjudice, estimé à 700 millions de dinars (70 milliards de centimes). Selon une source digne de foi, trois autres cadres sont placés sous contrôle judiciaire. Le commissaire-priseur, ayant chapeauté une transaction des Transports El Fouara, a bénéficié de la liberté provisoire. Ayant sans nul doute bénéficié de largesses, un commerçant, en fuite, fait désormais l'objet d'un mandat d'amener. Selon certaines indiscrétions, l'appareil judiciaire, qui aurait auditionné 17 personnes impliquées d'une manière ou d'une autre dans cette affaire, n'a toujours pas fermé ce dossier, qui n'a pas divulgué tous ses secrets. La mauvaise gestion, la concurrence déloyale imposée par des minoteries et semouleries privées qui poussent tels des champignons ainsi que l'instabilité des gestionnaires, sachant que le groupe a, depuis 2000, changé huit managers, sont les principales causes dans la dérive d'un groupe qui vient de quitter la Bourse d'Alger, pour revenir dans le giron des entreprises à 100% publiques. La même source nous apprend que la Gendarmerie nationale vient de boucler l'enquête relative à la gestion de l'APC de Sétif. Des affaires de détournement de deniers publics, de mauvaise gestion et d'autres inhérentes à la passation de marchés figurent, nous dit-on, dans le volumineux chapitre de la municipalité de la capitale des Hauts-Plateaux qui est, en outre, éclaboussée par des conflits internes. Ces derniers sont, d'après notre source, entre les mains de la justice. Tout comme le dossier des investissements réalisés par l'Entreprise nationale des plastiques et caoutchoucs (ENPC) qui ont nécessité deux milliards de dinars. En somme, l'opération d'Eriad Sétif est considérée, par les initiés, comme le prélude à une grande campagne visant à déterrer certaines affaires scabreuses faisant de Sétif le centre de gravité de tous les trafics. L'on apprend, par ailleurs, que le président de l'APC d'El Eulma a été placé, hier, sous contrôle judiciaire par le juge d'instruction près le tribunal de Bougaâ. La falsification d'un document officiel (délibération du 28 juillet 2004) est le principal grief retenu contre cet élu.