Il y a quelques années, les cours de soutien ou «supplémentaires» étaient exclusivement réservés aux lycéens s'apprêtant à passer le baccalauréat. Aujourd'hui, ils se sont généralisés, s'étendant à tous les cycles et à tous les niveaux. Retraités de l'enseignement, professeurs de CEM et de lycée, diplômés de l'université assurent, à plein temps ou à temps partiel, des séances de soutien en dehors de tout contrôle de l'Etat. Nihad Berraih, 10 ans, inscrite en 1re année moyenne, suit depuis peu des cours de soutien en mathématiques. Collégienne studieuse, ayant réussi avec brio son examen de passage en 1re année moyenne, elle se rend, une fois par semaine, chez une enseignante de maths «pour parfaire ses connaissances en la matière», explique son père, Houari, cadre dans une institution publique. «Ce n'est pas parce qu'elle est faible en mathématiques que j'ai choisi de lui payer des cours, mais plutôt pour anticiper sur les changements survenus cette année avec l'introduction des manuels de deuxième génération», ajoute-t-il. Et il n'est pas le seul à avoir fait ce choix. «Je me suis concerté avec d'autres parents d'élèves pour, d'abord, cibler la matière où il fallait renforcer la méthodologie et les connaissances dont ont besoin nos enfants. Puis, trouver le profil idéal à même d'assurer cette tâche», poursuit-il. Prix à payer : 1000 DA par mois seulement. Il y a quelques années, les cours de soutien, ou cours «supplémentaires», étaient exclusivement réservés aux lycéens s'apprêtant à passer le baccalauréat. Aujourd'hui, ils se sont généralisés, s'étendant à tous les cycles et niveaux. Retraités de l'enseignement, professeurs d'écoles et de lycées, diplômés de l'université assurent, à plein temps ou à temps partiel, des séances de soutien en dehors de tout contrôle de l'Etat. Des cours qui se déroulent dans les appartements, les caves, les garages et autres réduits et dont les prix varient d'un prof à l'autre. De 1000 à 3000 dinars par semaine, selon le cycle et en fonction de la «réputation» de tel ou tel enseignant, les tarifs affichés peuvent s'envoler jusqu'à atteindre 5 000 dinars/semaine, voire 10 000 dinars pour les élèves issus de famille fortunées et pour lesquels des cours individualisés sont proposés. «Si rien n'interdit le recours aux cours de soutien, la multitude d'offres proposée pose un problème d'équité et de justice dans l'accès au savoir», fait remarquer Abdessamed, un retraité de l'enseignement. Interrogé à ce propos, le directeur d'un CEM estime que les grèves cycliques qu'a connues le secteur de l'éducation ont favorisé le phénomène des cours de soutien. «Beaucoup de parents ont opté pour les cours supplémentaires en constatant les perturbations induites par ces grèves», souligne-t-il. «Au fond, c'est un problème de confiance dans le système éducatif», relève-t-il, affirmant que la solution pour réguler ce phénomène consiste à remédier aux défaillances du système éducatif, tel le contenu des enseignements, les méthodologies appliquées et les conditions de recrutement des enseignants. La refonte du système éducatif, en commençant par le cycle primaire, est, selon lui, la seule manière de stopper l'extension des cours payants. En attendant cette refonte, laquelle nécessite beaucoup temps et de moyens, les cours particuliers ont encore de beaux jours devant eux.