Ce qui s'est passé à Malabo a «accentué l'isolement du Maroc même au sein de la Ligue arabe». C'est ce qu'a déclaré le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, lors d'une conférence de presse animée hier à Alger. Une conférence convoquée spécialement pour donner des éclaircissements sur l'épisode de Malabo (Guinée équatoriale) et le revers essuyé par le royaume marocain. «Ce sommet afro-arabe a non seulement fait éclater au grand jour les mensonges marocains sur ses prétendus soutiens en Afrique, mais il a aggravé son isolement qui ne se limite plus à l'Afrique. La majorité des membres de la Ligue arabe, dont des pays influents au sein de l'organisation, ont condamné cette manœuvre puérile», martèle le chef de la diplomatie sahraouie. Ce dernier regrette aussi que des royaumes du Golfe «soient induits en erreur par les autorités marocaines qui leur font croire que leur pays jouit d'un large soutien sur le continent africain». «Les pays qui se sont retirés ont été victimes de la propagande marocaine. Leur retrait démontre également l'ignorance totale qui règne au sein de certains pays arabes, de la philosophie des luttes pour l'indépendance ainsi que le rejet du colonialisme et du racisme qui constituent l'âme de l'Union africaine, partenaire de la Ligue des Etats arabes», ajoute-t-il. Mohamed Salem Mohamed Salek déplore aussi que certains «frères arabes» refont les mêmes erreurs que celles commises avec la Mauritanie, lorsqu'ils se sont opposés à son indépendance, puis à son adhésion à la Ligue arabe. «La nouveauté de Malabo est l'apparition de l'isolement marocain même sur le plan arabe. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la démarche du Maroc ne sert pas la cohésion et la coopération entre les deux organisations régionales (Ligue arabe et UA). De plus, cette attitude s'inscrit dans le cadre d'un agenda étranger visant à semer la division au sein de l'UA», estime-t-il. Revenant sur la demande introduite par le Maroc en vue d'intégrer l'UA, le ministre sahraoui des Affaires étrangères affirme que le royaume doit, désormais, répondre à deux conditions s'il veut adhérer à l'organisation : «La signature d'un accord de paix avec la République sahraouie en mettant fin à la colonisation de ses territoires, et la levée de tous les obstacles dressés pour empêcher un référendum d'autodétermination conformément à l'accord de 1991 signé sous l'égide de l'ONU et de l'OUA/UA.» Selon Mohamed Ould Salek, le Maroc doit également se contenter de ses frontières héritées du colonialisme et ne pas coloniser un pays membre de l'UA. «Malabo était, en tout cas, un test raté pour le royaume version Mohammed VI», a-t-il conclu.