Au lendemain de la douche froide essuyée par Rabat, avec son retrait du 4e sommet Afrique-Monde arabe de Malabo, en Guinée équatoriale, son projet de réintégration de l'Union africaine est aujourd'hui plus que jamais compromis. C'est ce qu'a expliqué hier le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, lors d'une conférence de presse au siège de l'ambassade de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) à Alger. "Nous confirmons dès maintenant que le Maroc est devant deux choix avant son adhésion à l'Union africaine : le premier étant la fin de l'occupation et la signature d'un accord de paix avec la République sahraouie, tandis que le deuxième est celui de la levée des obstacles devant le vote d'autodétermination qu'il a accepté et signé en 1991, sous l'égide de l'ONU, de l'Organisation de l'union africaine et de l'Union africaine", a expliqué le chef de la diplomatie sahraouie, qualifiant l'activisme diplomatique de Mohammed VI en Afrique de "comédie et de tentative de redorer l'image" de son pays. "Le retrait du Maroc du sommet de Malabo consacre d'une manière quasi totale, qui ne laisse aucun doute, l'isolement du régime d'occupation marocain à l'échelle africaine et arabe", a ajouté M. Ould Salek, soulignant qu'"encore une fois de plus, l'Afrique a prouvé son attachement à ses principes et valeurs, à travers son organisation continentale (Union africaine, ndlr)". Le ministre des Affaires étrangères a qualifié l'attitude du roi marocain Mohammed VI de "contradictoire", car il a fini par revenir sur toutes les décisions qu'il a prises. "Le Maroc n'a aucune intention d'intégrer l'Union africaine ni de collaborer avec elle", a tranché M. Ould Salek. Interrogé sur la position de son pays par rapport au retrait des alliés du Maroc au sein de la Ligue arabe, en l'occurrence l'Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, le Bahreïn, la Jordanie et le gouvernement yéménite exilé à Riyad, le chef de la diplomatie sahraouie a préféré tempérer son discours. "Le retrait de l'Arabie saoudite, des Emirats, du Qatar, du Bahreïn, de la Jordanie et du gouvernement yéménite de Abd Rabbo Mansour Hadi prouve que ces pays étaient victimes de la propagande marocaine qui leur a fait croire que le royaume du Maroc bénéficie d'un large soutien au niveau africain." En fin diplomate, il rappellera : "Avec regret, certains frères arabes répètent au sujet du Sahara occidental la même erreur qu'ils ont commise lorsqu'ils se sont opposés à l'indépendance du peuple mauritanien, qui a bénéficié du soutien africain large, contre les velléités expansionnistes marocaines", ce qui ternit, selon lui, l'image des Arabes. "Le retrait de ces pays du sommet de Malabo n'honore pas leur image", a-t-il insisté. Interpellé sur la position de l'Espagne qui s'apprête à prendre la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU ce mois de décembre, M. Ould Salek a affirmé : "Nous croyons que Madrid doit prendre ses responsabilités", rappelant à ce propos que "toutes les résolutions de l'ONU considèrent le Maroc comme un «pays occupant»". Lyès Menacer