Il a fait tristement beau tout au long des mois de septembre et d'octobre. Pas un nuage n'est venu booster son marché très sensible au pluviomètre et conforter ainsi des éleveurs desservis par la « blue tongue » (surcoûts vétérinaires) et la fermeture hermétique des frontières qui lui est conséquente… Pourvu que cela dure. En effet, si les conséquences se mesurent par les consommateurs au prix de boucherie qui ont oscillé même au cours du mois de Ramadhan autour de 500 DA /kg d'agneau. Pour les éleveurs, les indices sont tout autre. Qu'ils pratiquent l'engraissement ou fassent dans l'élevage destiné à la reproduction, les éleveurs sont particulièrement sensibles au prix de l'aliment et à la disponibilité du pâturage en période de soudure. Soulagés quelque temps par la mise en location par les communes des périmètres de « mise en défens » et des plantations pastorales à raison de 2000 DA l'hectare et après avoir épuisé les chaumes du Tell, l'ensemble des éleveurs a pris la destination de Béchar. Réputée pour l'étendue de ses parcours présahariens, la région de Béchar, particulièrement les précipitations enregistrées au début du mois de novembre, attire les éleveurs, quoique pour une période limitée. N'en déplaise aux amateurs d'exotisme, les voies de parcours traditionnelles qui transitent par les monts Amour, très dégradés, ne sont empruntés que par de rares troupeaux des semi-sédentaires, très réduits, rien à voir avec les processions larges de plusieurs dizaines de kilomètres. La tendance actuelle est à la transhumance motorisée qui permet de conduire par dizaines de milliers de têtes, le cheptel d'un bout à l'autre du pays sans avoir à négocier le passage et les haltes. Cette tendance, plus moderne, est en voie de suppléer totalement au nomadisme séculaire avec les conséquences que l'on sait sur les ménages des petits éleveurs. Cependant, en dépit de tout et de la pression enregistrée au niveau des prix de l'aliment, qui ont triplé, les prix par tête tant au niveau des marchés d'Aflou, de Sougeur que ceux d'El Bayadh et de Aïn Roumia (Djelfa) sont demeurés stables. A titre indicatif, le prix des agnelles oscillait entre 5000 et 8000 DA, autant dire une aubaine pour les acquéreurs d'entre les petits éleveurs intéressés par la reconstitution de troupeaux destinés à la reproduction, pourvu qu'il pleuve au Sud. Ceux-là regroupés par douars, par tribus passeront l'hiver à Tajrouna, Ghardaïa, Hassi R'mel et Ouargla. Ceux de la filière engraissement et qui disposent de ressources financières à même de soutenir le recours à l'aliment deux mois durant et qui déterminent en dernière instance les prix à la consommation, n'ont pas été desservis pour autant, ils ont fait le plein d'agneaux mâles (6 à 9 mois) acquis à des prix défiant toute concurrence, 5000 DA la tête, soit une tête pour 2,5 q de son.