L'amendement prévoit une période transitoire de deux années accordant le droit de bénéficier d'une pension de retraite au travailleur totalisant 32 années de service effectif au moins et ayant donné lieu au versement des cotisations au titre de la Sécurité sociale. Pour calmer le monde du travail, en effervescence depuis l'annonce de la suppression de la retraite anticipée, le président de la République est intervenu, hier, pour apporter un amendement au projet de loi relatif à la retraite. Cet amendement prévoit la possibilité de partir à la retraite après 32 ans de service durant les deux prochaines années. Cette période de transition prendra fin en 2019. Le geste du président Bouteflika, qui concernera une certaine catégorie de travailleurs, n'a pas eu d'impact sur la position des parlementaires de l'opposition. Le Parti des travailleurs (PT) et l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) ont voté contre le projet de loi portant sur la retraite alors que le FFS a carrément boycotté la séance en signe de rejet et de protestation. Les partis au pouvoir ont approuvé le texte. Hier, lors de la séance plénière consacrée au vote de ce projet de loi, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale a demandé un point d'ordre pour présenter un amendement verbal, sur, a-t-il expliqué, instruction du président Bouteflika. L'amendement prévoit une période transitoire de deux années accordant le droit de bénéficier d'une pension de retraite à tout travailleur totalisant 32 années de service effectif au moins ayant donné lieu au versement des cotisations au titre de la Sécurité sociale. Pour les partis de l'opposition, la petite concession faite par le Président n'enlève rien au caractère «anti-travailleurs» de cette loi sur la retraite. Le PT, qui prend acte du geste du Président et le qualifie de «louable», estime que le problème reste entier, dès lors que la revendication portée par les millions de travailleurs n'est pas satisfaite. «La retraite après 32 ans d'activité sans condition d'âge est abrogée de fait. Nous considérons que l'amendement oral est en deçà des attentes de la classe ouvrière, car ne concernant qu'une faible catégorie de travailleurs (ceux ayant 58 ans en 2017 puis 59 en 2018 avec 32 ans d'activité) et ne changeant en rien le fond du problème. Ce ne sont pas les deux années supplémentaires qui vont satisfaire les organisations syndicales», explique le député Taazibt. Pour cet élu, «cette mesure transitoire permettra aux travailleurs ayant atteint l'âge de 58 ans et cumulant 32 ans de service de partir à la retraite en 2017 et aux personnes âgées de 59 ans et cumulant 32 ans de service de bénéficier de la retraite en 2018. Le PT a voté contre cette disposition, car elle ne touche qu'une petite catégorie de citoyens et ne répond pas aux revendications des travailleurs et des syndicats». Pour le PT, cette loi est injuste envers les travailleurs et a des conséquences désastreuses, tant sur le plan social qu'économique. Le PT regrette profondément le maintien et le vote d'une loi rejetée par des millions de travailleurs affiliés aux syndicats autonomes, à l'UGTA, ou pas du tout syndiqués, d'autant plus que rien, absolument rien ne justifie cette contre-réforme dans un pays où 75% de la population est jeune et 9% seulement a plus de 60 ans. Les députés du PT rappellent que tous les chiffres montrent que cette contre-réforme est inutile, injuste et remet en cause un droit acquis des travailleurs. Emboîtant le pas au PT, le FFS rejette ce projet qu'il qualifie d'«injuste» et considère l'amendement présenté par le ministre sur orientation du président de la République comme étant un problème supplémentaire, car les travailleurs vont se précipiter pour prendre leur retraite. «Non seulement la CNR est plus que jamais menacée, mais également les administrations qui se videront en peu de temps», déplore Chafaa Bouaiche. En outre la décision de boycotter la séance a été prise, selon Bouaiche, pour dénoncer l'exclusion des partenaires sociaux et le travail de la commission qui «n'a pas été à la hauteur de ce projet». L'AAV a également rejeté ce projet de loi tout en revendiquant l'ouverture d'un dialogue sur la question de la retraite et de la Sécurité sociale.