Des crises qu'a eu à vivre le Front des forces socialistes (FFS) depuis l'avènement du pluralisme politique en 1989, Rachid Halet, membre du présidium, en fait les frais aujourd'hui et en sait certainement quelque chose. Il était membre de ce qu'on appelait à l'époque le groupe de Tizi Ouzou, composé d'anciens responsables du parti et non des moindres — le Dr Saïd Hamdani, le Dr Saïd Khellil et Hamid Lounaouci — qui avaient claqué la porte du FFS à la veille de son deuxième congrès, en 1995, pour dénoncer «son fonctionnement non démocratique». C'est le même reproche que fait aujourd'hui le Dr Halet à ceux qui visent à «l'éliminer». Il redécouvre en fait les vieilles recettes du parti. Celles-là mêmes qui ont conduit à l'exclusion, en 2000, de huit députés du FFS : Hamid Ouazar, Abdeslam Ali Rachedi, Nacer Mezar, Saïd Madjor, Boualem Kolaï, Zoubir El Aïnsar, Nadjia Boumendjel et Mohand Arezki Ferad. Ce sont, en réalité, les deux crises majeures qu'a connues le FFS jusqu'au point de l'ébranler. Il n'a maintenu que le cap que grâce au charisme de son chef historique, Hocine Aït Ahmed. Car le parti connaîtra d'autres dissidences, dont celle de son ancien premier secrétaire Mustapha Bouhadef, qui présenta sa démission du conseil national en juillet 2007. Dans une déclaration rendue publique, il avait dénoncé «le non-respect des textes fondamentaux du parti et la gestion autoritaire de la direction» de l'époque. M. Bouhadef et Djamel Zenati (directeur de campagne du candidat Hocine Aït Ahmed lors de la présidentielle d'avril 1999, ancien militant du Mouvement culturel berbère, MCB) ainsi que d'autres anciens militants du FFS ont tenté vainement de lancer une initiative politique. Après le départ de Mustapha Bouhadef, c'est au tour du premier secrétaire du parti, Karim Tabbou de quitter, en juillet 2012, le navire FFS en emportant avec lui une soixantaine de cadres et militants. Il a créé son propre parti politique, l'Union démocratique et sociale (UDS) qui n'a toujours pas obtenu son agrément. Le vieux parti de l'opposition verra également partir beaucoup de ses militants au fil de ses crises à répétition pour ne citer que ceux-là, Samir Bouakouir, son ancien secrétaire national à l'information, Ikhlef Bouiche (ancien député), Ali Brahimi et Salah Boukrif qui ont rejoint le Rassemblement pour la culture et la démocratie, au même titre que son ancien premier secrétaire Hamid Lounaouci. La crise ouverte avec le Dr Rachid Halet est un énième épisode de tension que le FFS est en train de vivre depuis quelques jours.