S'opposant fermement aux «dérives» de la direction du parti, les contestataires du Front des forces socialistes (FFS) s'organisent. Le mouvement de contestation vient, en effet, apprend-on de sources internes, de se doter d'un directoire à l'issue de la réunion tenue jeudi et qui a regroupé d'anciennes figures de proue du parti, des cadres et des membres du conseil national. Un meeting populaire est prévu le 12 juillet. Dans l'air depuis déjà quelques jours, comme nous l'annoncions dans notre édition de jeudi, la décision de la tenue d'un meeting populaire à Tizi Ouzou a été entérinée à l'unanimité lors de la réunion de jeudi qui a eu lieu précisément à Oued Aïssi (Tizi Ouzou) au cours de laquelle a été «installé un directoire», précise notre source. Ce directoire «chargé de diriger le mouvement, de coordonner ses actions et conduire la dynamique naissante» est composé de Saïd Khelil, Mustapha Bouhadef, Djoudi Mameri, Ali Kerboua, tous des ex-premier secrétaire ainsi que Samir Bouakouir, démis de ses fonctions de représentant du FFS à l'étranger. Une autre commission chargée de la préparation du meeting populaire a également été mise en place, apprend-on. Dans l'impossibilité de convaincre la direction dirigée par «un quarteron», comme nous l'a précisé Samir Bouakouir, les frondeurs du FFS décident donc de s'en remettre aux militants et sympathisants, plus amplement «au peuple» dans l'espoir de contrer les «dérives» d'une direction qui a «normalisé le parti» et «squattée par un quarteron qui agit dans l'opacité», selon Samir Bouakouir, pour qui «il faut en finir avec ces agissements et restituer le parti à ses militants». L'objectif de ces cadres et anciens du parti est «de préserver la démarche et l'autonomie du FFS et sa ligne originelle qui s'inscrit dans une stratégie de rupture radicale et pacifique avec le système». Djamel Zenati qui a présidé la rencontre de jeudi est, selon notre interlocuteur, «convaincu qu'il est désormais temps de sortir dans la rue et rejoindre le peuple et consacrer ainsi la rupture avec la politique des salons instituée par le ministère de l'Intérieur», qui confine toutes les activités dans les salles. Le cheval de bataille des contestataires doit se résumer, selon Zenati, à «un changement avec et par le peuple». L'ancien militant du MCB constatera que «depuis 2002, le FFS a changé son discours sémantique d'opposition traditionnelle», tout en s'interrogeant sur «le rôle effacé du FFS sur la scène internationale». Mustapha Bouhadef abonde dans le même sens : «Il faut gagner le peuple pour régler définitivement la crise qui mine le parti, car le FFS est un patrimoine de toute l'opposition démocratique». Notre source nous précisera aussi que Karim Tabbou avait précipitamment quitté la réunion au cours de laquelle «il a été sommé de présenter des excuses publiques pour toutes les dérives qu'il a commises». Le recours à l'arbitrage du «peuple», à travers un meeting populaire qui pourrait fort bien avoir lieu, comme nous le précise notre source, sur la placette de la mairie de Tizi Ouzou, «un lieu hautement symbolique pour le FFS car c'est sur cette esplanade que Hocine Aït Ahmed avait prononcé sa déclaration de guerre en 1963», sonne comme un défi que ces militants lancent avant tout à la direction qui n'a pas pu rassembler 300 personnes au stade Oukil Ramdane lors de la campagne électorale et surtout pour lui prouver qu'elle se trompe énormément de démarche. Après le meeting, les contestataires comptent tenir une conférence des cadres. Toute cette démarche s'inscrit en droite ligne avec les vœux d'Aït Ahmed pour «le rassemblement des énergies», conclut notre source. Réussiront-ils leur pari ?