Une dizaine d'étudiants affiliés à l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA) ferment depuis plus d'une semaine l'accès à l'université des sciences et de la technologie d'Oran (USTO-Mohamed Boudiaf). Ces étudiants, qui se disent en «grève illimitée», exigent de l'administration d'ouvrir le dialogue sur leur plateforme de revendications qui compte 28 points, concernant notamment la dégradation des conditions pédagogiques, dont l'éclairage et l'état des laboratoires. Ces étudiants disent avoir décidé d'observer leur grève «suite au mutisme de l'administration». Toutefois, l'administration affirme que le dialogue a été ouvert mais les étudiants ont décidé d'aller plus loin. Cette grève «a été déclarée illégale par la justice», a indiqué, lundi soir, le professeur Boudia, porte-parole de l'USTO. «Le rectorat avait ouvert les portes du dialogue avec les grévistes mais, curieusement, ces derniers ont persisté dans leur protestation, ce qui a obligé l'université à saisir la justice afin de rouvrir les portes à plus de 20 000 étudiants pénalisés par un petit groupe de protestataires», a déclaré notre interlocuteur, avant de préciser que certains individus seront «poursuivis en justice». Plusieurs autres grèves ont été enclenchées simultanément dans les établissements universitaires d'Oran. «C'est à croire que c'est politique», commente spontanément Hamid, jeune étudiant rencontré lundi matin en face de l'USTO. Et d'ajouter : «Je suis d'accord avec les revendications des grévistes, mais personne ne m'a demandé mon avis, si je voulais rater des cours ou pas !» Pour comprendre ce qui se passe, nous avons tenté d'interroger plusieurs étudiants, enseignants, grévistes et travailleurs. Le récit est pourtant limpide : dans la soirée de lundi dernier, le rectorat de l'USTO a été destinataire d'une plateforme de revendications. Mardi matin, l'accès à l'université a été bloqué par quelques étudiants se disant affiliés à l'UNJA. Interrogé sur ce timing, M. Boudia explique : «Nous avons été étonnés que les grévistes n'aient même pas attendu une réponse de l'université. On ne va pas leur répondre dans la nuit tout de même !» Toutefois, une réunion a été organisée le mardi, au premier jour de la grève, par la rectrice et son staff. A l'issue de cette réunion, deux enseignants ont été désignés comme médiateurs avec les étudiants grévistes. Cette initiative a permis d'obtenir l'ouverture des portes mercredi. Cependant, une réunion a été programmée ce jour-là, d'après les grévistes et l'administration. De notre côté, nous avons appris que l'heure de la rencontre rectorat-étudiants n'avait pas été fixée explicitement et l'absence de la rectrice ce jour-là «pour des raisons médicales» a été interprétée comme un refus de dialogue. A ce propos, M. Lakhdar, membre de l'UNJA, déclare : «Nous avons avisé mardi dernier la rectrice sur la nécessité de nous accorder une audience afin de lui faire part de la plateforme de revendications, mais elle nous a demandé un délai de 24 heures pour nous recevoir. Passé ce délai, nous avons prolongé notre attente de 24 heures encore. Constatant son mutisme, le bureau s'est réuni et a décidé à l'unanimité d'opter pour la grève jusqu'au règlement de toutes nos revendications.» Ainsi, les grévistes ont renoué avec la protestation dès jeudi et ont prolongé leur mouvement. Selon le porte-parole de l'université, M. Boudia, «l'administration a toujours ouvert le dialogue». D'ailleurs, un communiqué a été diffusé par le rectorat, stipulant que «conformément aux directives du ministère, le rectorat a programmé une série de rencontres avec les organisations estudiantines du 23 octobreau 6 novembre». Néanmoins, ce qui n'est pas dit dans le communiqué, c'est que l'UNJA ne figure pas dans la liste des organisations agréées et pouvant être reçues de manière officielle par l'université. Autre point : des étudiants ont affirmé que «les grévistes ont tenu à être reçus en tant que membres de l'UNJA et pas en tant qu'étudiants protestataires seulement». Un autre étudiant ayant requis l'anonymat et qui a déjà été dans des organisations estudiantines commente : «C'est évident ! Les leaders du mouvement de grève ont besoin d'un PV de réunion mentionnant que leur organisation a pris part à la réunion de dialogue autour de la plateforme de revendication.» Dans ce même ordre d'idées, il est à signaler que des membres de l'APW se sont déplacés à l'université «pour tenter de dénouer la situation».