La conférence, prévue aujourd'hui à Béjaïa dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale des droits de l'homme, et plusieurs activités du 5e forum des droits de l'homme, qui se déroule du 5 au 10 décembre à Béjaïa, ont été interdites, apprend-on de Saïd Salhi, vice-président de la Laddh. Sans aucun motif apparent, la wilaya de Béjaïa a signifié un refus catégorique à la demande de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme de tenir sa conférence prévue aujourd'hui à la maison de la culture Taos Amrouche, de même que l'administration de la résidence universitaire Berchiche II et la daïra de Tichy, toujours sans avancer de motif, ont interdit les conférences qui y sont prévues dans le cadre du 5e forum des droits de l'homme. Dans un communiqué, la Laddh y voit une tentative de «sabordage» de ses activités. «Décidément, le ministère de l'Intérieur, les pouvoirs publics, allergiques aux droits de l'homme, veulent saborder le 5e forum des droits de l'homme à Béjaïa, qui n'est pas du goût des autorités, car il prend de l'ampleur d'année en année et réussit à coaliser des acteurs du mouvement des droits humains et de la société civile, et ce, en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme dans notre pays», lit-on dans le communiqué rendu public. La Laddh dénonce «avec force ces interdictions arbitraires» et rappelle au gouvernement son «obligation de respecter les droits des défenseurs des droits de l'homme, les droits de réunion et de manifestation, pourtant garanties par les conventions internationales des droits de l'homme et du droit national.» Le 5e forum des droits de l'homme, dont les activités se sont déroulées dans plusieurs communes et résidences universitaires de Béjaïa, a été organisé par la Laddh en partenariat avec la Cncppdh, en collaboration avec la Ladh, Amnesty International section Algérie, RAJ, CLA, AEC et autres partenaires. Comme c'est le 50e anniversaire cette année des deux pactes de l'ONU sur les droits civils, politiques, économiques et culturels, affirme Saïd Salhi, les débats ont porté sur, entre autres, le nouveau code du travail, la retraite, la LFC 2017, la menace qui pèse sur les libertés individuelles et d'association, la persécution des minorités culturelles et religieuses, la traque aux militants et blogueurs, à l'instar du Dr Fekhar et Slimane Bouhafs, etc. Le rendez-vous a réuni des acteurs syndicaux, à l'image de Achour Idir du CLA, Nabil Ferguenis du Snapap, des droits humains et autres, qui ont animé des conférences et d'autres activités. C'est ce qui a, visiblement, déplu aux autorités, qui ont décidé de sévir au troisième jour du forum. Saïd Salhi, en tout cas, ne se fait aucune illusion : «Je pense que c'est cette connexion entre les différents acteurs de la société civile, et c'est Béjaïa qui a brillé ces dernières années comme une plaque tournante de toutes les dynamiques nationales (syndicats, droits de l'homme, mouvement des chômeurs…), qui dérangent». La Laddh annonce, toutefois, le maintien de toutes ses activités au niveau du CDDH de Béjaïa, tout en appelant la population à une large solidarité et mobilisation pour la sauvegarde de ses droits à l'expression, à la réunion et à la manifestation pacifiques.