« L'immigration féminine en France », animée par Fatiha Lovichi Dahmani, a été au centre d'un fructueux débat, hier, au café littéraire du Sila. Dans son exposé, la sociologue Fatiha Lovichi Dahmani, a posé la problématique de la migration des femmes dans le département du nord de la France durant la période comprise entre 1951-1961. Dans sa position de femme, dit-elle, elle a eu envie de dire qu'elle portait un intérêt particulier à l'exil. Car c'est avant tout un problème humain. L'immigration est une rupture violente quand elle est issue d'un contexte de guerre. Toutes les femmes qui ont donné naissance à la deuxième génération étaient, à l'époque, des femmes invisibles. « C'est femmes, dit-elle, représentent aujourd'hui, une génération de femmes qui tend à disparaître. Aujourd'hui, s'interroge-t-elle, que connaissons-nous de leur trajectoire ? Pas grand-chose au niveau de la recherche n'a été fait . » Les femmes, en question, sont décrites comme soumises et analphabètes. Elles sont sorties de l'ombre grâce à leurs enfants. Pour connaître la réalité amère de ces femmes, Fatiha Lovichi Dahmani s'est déplacée sur le terrain pour recueillir des témoignages poignants sur cette douloureuse époque. Pour ce faire, elle s'est intéressée à la problématique du départ. Le travail s'est fait sur le terrain en Algérie (Aïn Bessem, Bouira…) et en France (Tourcoing). Le choix de la période a été déterminé à partir du critère politique et le départ des femmes vers la Métropole. « Je voulais, dit-elle, apporter un regard croisé sur le départ douloureux de ces femmes meurtries dans leur chair. 95 % des femmes d'origine rurale à Bouira sont restées 6 ans sans voir leur époux tandis que 20% ont émigré entre 1940-1953 à Tourcoing ». De 1957 à 1959, une forte vague d'arrivées en France a été enregistrée. Le départ des hommes crée un déséquilibre entre le plan économique et social. Les femmes interrogées se sont prêtées volontiers au dialogue. De part leur âge, elles ont réinterrogé leur passé. Elles ont relaté des périodes douloureuses de leur histoire. Il en ressort des entretiens collectés que l'immigration était rurale. L'immigré était ainsi structuré. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le flux migratoire est plus important tant dans la forme que dans la durée. Les femmes qui restaient au village subissaient le regard réprobateur des villageois ou encore de la famille. L'immigration féminine et familiale est la conséquence immédiate de l'immigration des hommes dans le contexte de la Guerre de Libération nationale. « Je suis sûre, argumente-t-elle, que sans la guerre de libération, cette immigration féminine aurait pris une autre forme. » La sociologue, Fatiha Lovichi Dahmani, s'intéresse depuis une dizaine d'années aux problématiques de l'identité de la filiation et de la transmission, elle reconduira cette conférence, demain à 15h, au centre culturel français d'Alger.