Le musée conserve 36 crânes de résistants algériens tués par l'armée coloniale française. Parmi ces crânes, il y a ceux appartenant à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla, à Cheikh Bouziane, à Moussa El Derkaoui et à Si Mokhtar Ben Kouider Al Titraoui. La récupération des crânes des résistants algériens, conservés au Musée de l'homme à Paris (France), semble très compliquée. C'est ce qu'affirmait le président du Muséum, Bruno David, lors de son audition, le 7 décembre dernier, par la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée française. «En tant que dépositaires des collections, nous devons évidemment en prendre soin, mais nous n'avons pas le droit de les céder. Cela peut d'ailleurs poser des problèmes éthiques : nous conservons des crânes de résistants algériens du XIXe siècle que l'Algérie réclame, mais dans la mesure où ils ne nous appartiennent pas, je ne peux pas les restituer sans suivre un processus assez compliqué», a-t-il déclaré devant les députés français. Selon lui, le processus «obéit à des règles, du point de vue éthique, afin de protéger la propriété intellectuelle et le patrimoine de chaque pays, mais elles compliquent sensiblement la vie du Musée». «Il faut garantir la traçabilité des matériels et être prêt à les restituer en fonction des situations», a-t-il souligné, précisant que «c'est loin d'être simple pour les crânes humains». Ce musée, rappelons-le, conserve 36 crânes de résistants algériens tués par l'armée coloniale française. Parmi ces crânes, il y a ceux appartenant à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla, à Cheikh Bouziane, à Moussa El Derkaoui et à Si Mokhtar Ben Kouider Al Titraoui. Le gouvernement algérien a officiellement émis le vœu de récupérer ces crânes. Dans une récente interview accordée à l'agence APS, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, avait indiqué que les démarches «vont bon train» pour récupérer ces ossements et les enterrer en Algérie. «La dignité humaine est sacrée et doit être respectée même pour les morts et rien ne justifie, ni moralement ni idéologiquement, que ces ossements soient laissés dans la situation déplorable actuelle», avait-il souligné. Pour rappel, le directeur des collections au Musée national d'histoire naturelle de Paris, Michel Guiraud, avait dit que son institution était «prête à examiner favorablement» la demande de restitution des 36 crânes des résistants algériens morts au champ d'honneur au début de la colonisation française, conservés depuis plus d'un siècle. «Nous sommes prêts à examiner favorablement la demande de restitution des crânes des Algériens, conservés dans notre musée», avait-il déclaré. Mais ce dernier avait indiqué qu'il y a cependant une procédure à suivre pour que la demande soit prise en considération. «Pour leur restitution, il y a un chemin à prendre. Nous reconnaissons le droit de la famille et celui des descendants relayés par leur Etat», a-t-il dit, soulignant que les demandes doivent passer «par le canal diplomatique et non par une association qui n'a pas un droit particulier par rapport aux restes humains», avait-il expliqué.