Alors que la crise persiste au FFS, Hocine Aït Ahmed a désigné officiellement, jeudi dernier, Ali Laskri au poste de premier secrétaire national qu'il occupait, auparavant, par intérim. Après la démission éclair de Mustapha Bouhadef, quelques semaines seulement après sa nomination, Aït Ahmed avait en effet désigné comme intérimaire M. Laskri. En dépit du contexte de crise, le président du parti s'est contenté, dans le message adressé jeudi 30 septembre au conseil national qui s'est réuni au siège national à Alger, de citer les articles 84 et 85 des statuts qui lui confèrent ce pouvoir. Avant la réunion du conseil national, une projection vidéo retraçant l'itinéraire du parti, depuis sa création à nos jours, a été diffusée. Des anciens cadres du parti et des ex-premiers secrétaires étaient présents à la cérémonie de la célébration du 41e anniversaire de la proclamation du FFS en 1963. Plus tard, Ali Laskri a invité les quatre derniers premiers secrétaires à la tribune. Plaçant la journée sous le signe « Espoir commun », Ali Laskri a pris, le premier, la parole. « Le pays est en proie à une dérive qui risque de l'amener à une situation chaotique. Ce qui se passe en Algérie est très grave. Au moment où le pays est riche, les Algériens sont plus que pauvres. Le FFS poursuivra ainsi sa lutte contre le régime qui continue à cultiver la démocratie de façade, alors que la pauvreté gagne des millions de foyers ». Djoudi Mameri, premier secrétaire entre 2003 et 2004, a ensuite pris la parole. « Si nous sommes là, en tant que ex- premiers secrétaires nationaux, c'est pour dire que le FFS va très bien, mais c'est l'Algérie qui va mal », a-t-il lâché. « Il ne faut pas vous intéresser aux petites fuites, mais occupez-vous des grandes fuites », a-t-il lancé à l'adresse des journalistes qui avaient rapporté la crise ayant secoué le parti. Et d'enchaîner : « Si les militants et le président du parti ont nommé Ali Laskri à ce poste, c'est parce qu'il a fait la démonstration sur le terrain. Car militer ce n'est plus haranguer les foules, mais c'est s'occuper des problèmes des citoyens et de les soutenir ». De son côté, Ahmed Djeddaï a insisté sur le fait que « le FFS reste toujours un parti de l'opposition jusqu'à l'instauration d'un Etat démocratique et l'épanouissement social des Algériens. Le FFS est la continuité du mouvement national. Nous maintiendrons le cap et rien nous pourra ne faire dévier de notre chemin de la démocratisation du régime militaire à façade démocratique. Nous ne céderons pas ». Ligne directrice M. Djeddaï a nié l'existence d'un conflit l'opposant à Aït Ahmed ou d'autres cadres du parti. « Ce sont des inventions des militants de la police de la pensée », a-t-il précisé, allusion faite aux journalistes ayant évoqué une lutte de clans au sein du parti. Mustapha Bouhadef, qui a démissionné de son poste pour des raisons qu'il n'a jamais annoncées publiquement, s'est montré « content » de la désignation de Ali Laskri en qualité de premier secrétaire. Evitant soigneusement de parler de la crise, il a tenu à rassurer qu'il n'y aura pas de déviation du parti par rapport à sa ligne directrice. Ali Karboua, quant à lui, reconnaît qu'il y a crise au sein du FFS. « C'est vrai que nous avons des problèmes au sein de la direction nationale, mais nous restons un parti qui continue à avoir de l'ancrage. Quelles que soient les divergences sur la forme, le fond, nous continuons à le partager », a-t-il noté. Pour lui, malgré les querelles au sommet du parti, la base reste unie et solide. La nouvelle équipe de Ali Laskri n'est pas encore connue. Il engagera les consultations dès cette semaine. Cependant, certains spécialistes du parti tablent sur la reconduction de la majorité des membres de la direction rejetée par Bouhadef avant sa démission. Devant une situation de crise qui ne semble pas arriver à son épilogue, le FFS a deux échéances importantes auxquelles il doit se consacrer. D'abord, il doit organiser la conférence nationale avant la fin de l'année. Ensuite, il se penchera sur les préparatifs du 4e congrès qui se tiendra durant le premier semestre 2005. Tout compte fait, Ali Laskri est appelé à accélérer la cadence pour rattraper les retards accumulés depuis le début de la crise.