La formation politique Jil Jadid confirme sa non-participation aux prochaines législatives. «Le conseil national a relevé la détermination du pouvoir à empêcher toute possibilité d'évolution de la scène politique et toute éventualité d'une quelconque alternance», indique, dans sa déclaration préliminaire, Soufiane Djilali. Invitant les journalistes à une conférence de presse après la réunion de son conseil national, M. Djilali estime que «l'APN étant l'outil d'habillage juridique pour le gouvernement, il est maintenant évident pour tous que le pouvoir s'octroiera une majorité confortable tout en réservant à une opposition participationniste quelques sièges pour se prévaloir d'une légitimité démocratique qu'il n'a pas». Le responsable politique considère que «l'inaccessibilité du fichier électoral pour les partis, la présence de 3 millions d'électeurs décédés — chiffre avoué publiquement par un directeur central du ministère de l'Intérieur —, la mise à disposition de l'administration des listes militaires, le financement des candidats du pouvoir par les subventions illégales et par l'argent sale et surtout l'absence de tout contrôle des commissions électorales établissant les procès-verbaux selon les instructions reçues et tant d'autres graves anomalies, dont la nouvelle loi anticonstitutionnelle qui régit les élections, font que ces joutes électorales ne sont qu'une mauvaise comédie», souligne le chef de Jil Jadid. Evoquant la situation politique du pays, le même responsable estime que le pouvoir est tiraillé par ses contradictions. «Bouteflika, dès le début de ses fonctions présidentielles, a tout fait pour créer des éléments de dissensions et de contradictions à l'intérieur de l'appareil de l'Etat afin de prémunir sa personne... Le but est de faire en sorte que lorsqu'il est absent, comme c'est le cas aujourd'hui, ces contradictions montent à la surface et créent un blocage dans la gestion des affaires du pays», analyse Soufiane Djilali, en se basant sur les tiraillements affichés entre hauts responsables. «Le soutien du chef de cabinet de la Présidence au président du FCE après ce qui s'est passé au Forum d'investissement africain ne peut être interprété que comme une attaque d'Ouyahia contre Sellal et son gouvernement. L'ancien secrétaire général du FLN, Amar Saadani, qui s'attaque à Ouyahia puis se trouve éjecté. Ce sont autant d'éléments qui montrent qu'Ahmed Ouyahia se prépare pour succéder à Abdelaziz Bouteflika, en tentant d'attirer le soutien des hommes d'affaires», note M. Djilali en évoquant aussi les chamailleries entre ministres qui se contredisent et s'envoient des critiques, notamment les échanges entre le ministre de la Santé et celui du Commerce, ou encore entre ce dernier et le ministre de l'Industrie, mais aussi entre ceux des Travaux publics et des Ressources en eau. Le premier responsable de Jil Jadid relève en outre une autre bizarrerie dans les sorties répétées du chef d'état-major, Ahmed Gaid Salah, pour affirmer son soutien à Bouteflika et que l'armée demeure fidèle à la Constitution. «Mais qui a dit le contraire, pourquoi cette insistance à le dire à chaque fois ?» s'interroge le conférencier en prédisant un grand moment de choc inévitable en 2017. Notons que le parti Jil Jadid tiendra son congrès au cours du premier trimestre de l'année 2017.