Le RCD, Jil Jadid et Ahmed Benbitour qui siègent à côté des islamistes dans cette coordination semblent avoir adopté la posture de «spectateurs». La sérénité de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (Cnltd) est entamée. La rencontre entre le président du MSP, Abderrazak Makri et le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a provoqué une véritable secousse au sein de cette coordination. Composée du RCD, de Jil Jadid, de l'ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, et des trois partis islamistes (MSP, FJD et Ennahda), la Cnltd est minée et menacée dans son existence par les divergences et les tiraillements entre ces derniers partis. Le Front de la justice et de développement d'Abdallah Djaballah est allé jusqu'à brandir la menace de quitter la coordination à cause de la rencontre MSP-Ouyahia, mettant les partis démocratiques dans un total embarras. Heureusement pour l'opposition, lors de la dernière réunion de son bureau national, vendredi dernier, le FJD a renoncé à sa menace, décidant de rester au sein de la Cnltd mais en posant certaines conditions. Le même jour, le MSP a tenu une réunion du conseil consultatif, durant laquelle son président a réitéré l'attachement du parti à la Cnltd. «Nous allons protéger l'unité de l'opposition et nous resterons jaloux sur l'indépendance de nos institutions partisanes et notre souveraineté», a affirmé Abderrazak Makri. L'autre parti islamiste membre de la Cnltd, le mouvement Ennahda, s'est joint à ces échanges le même vendredi. En ouvrant les travaux de l'université d'été du parti à Jijel, le secrétaire général, Mohamed Douibi, s'est attaqué à Abdallah Djaballah, accusé de vouloir se faire «zaïm» de la coordination. Le RCD, Jil Jadid et Ahmed Benbitour qui siègent à côté des islamistes dans cette coordination semblent avoir adopté la posture de «spectateurs» qui ne peuvent rien contre les chamailleries inter-islamistes. Pour Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, l'incident provoqué par la rencontre Makri-Ouyahia a connu son épilogue vendredi dernier avec la décision du parti de Djaballah et les explications du MSP. «L'incident est clos. On continuera à fonctionner normalement. La page est tournée. La sagesse a primé et le groupe reste solide», a souligné le président de Jil Jadid, joint au téléphone hier. Mais ces échanges peu aimables entre les dirigeants des partis islamistes n'augurent pas d'un avenir radieux de la Coordination qui a, pourtant, dû transcender beaucoup de divergences et relever beaucoup de défis pour se constituer. En principe, cette entité politique est trop prometteuse pour être cassée par un courant fût-il dominant. Les islamistes, avec leurs désaccords, font peser un véritable risque d'éclatement à la Coordination. Au MSP qui, faut-il le rappeler, avait quitté l'Alliance présidentielle début 2012, dans le sillage des évènements des pays de l'Afrique du Nord, dans l'espoir de prendre le pouvoir, tout le pouvoir, comme les islamistes égyptiens, tunisiens et libyens qui avaient remporté les élections dans ces pays, on se targue d'être la locomotive de la Cnltd. De «coopérant technique» au sein de l'Alliance présidentielle, le MPS aspire à jouer un rôle central au sein de l'opposition. Certes, cette alliance est conjoncturelle. Son premier objectif est d'instaurer les règles d'un jeu politique démocratique. Son éclatement avant la réalisation d'un tel objectif serait un grand dommage. C'est ce que rappelle d'ailleurs le RCD à travers son secrétaire national à la communication Atmane Mazouz. Joint hier au téléphone, M.Mazouz indique que son parti est tenu, comme ses partenaires de la Coordination par un agenda politique, à savoir la plate-forme de Mazafran, «adoptée et respectée par tous». «Au sein de la Cnltd, il y a un pacte qui nous lie. Tout le monde s'est engagé à respecter la plate-forme. Nous tenons tous à la transition démocratique», a-t-il affirmé, précisant que chaque parti a son programme et sa manière d'y parvenir. Quant à la zizanie entre les partis islamistes, notre interlocuteur considère que le RCD n'a pas l'habitude de rentrer dans les problèmes des autres partis. En tout état de cause, rien n'indique que la discorde entre les membres de la Cnltd ne refera plus surface, surtout que la Coordination n'est pas dotée d'un règlement intérieur ni d'une charte d'éthique.