Parmi les 125 familles occupant des habitations précaires dans la commune de Béjaïa, celles établies au plateau Amimoune, sur les hauteurs de la ville de Béjaïa, perdent patience. Leurs représentants sont allés frapper mardi dernier à la porte du chef de daïra pour s'informer du sort de leur vieille revendication d'avoir un toit décent. « On nous a expliqué qu'ils ne disposent pas de la liste de logements à attribuer alors qu'à l'OPGI, l'on nous a informé du contraire », rapporte l'un d'eux. Après le relogement de quatre parmi elles, elles sont aujourd'hui douze familles, dont celles de fonctionnaires de l'APC, à occuper encore le sous-sol d'une école primaire dans le cadre d'une opération de recasement de sinistrés et autres SDF qui date, pour une bonne partie, depuis 11 ans. Le chiffre a été grossi par l'arrivée, il y a trois ans et demi, de quatre autres familles parmi les ex-squatteurs délogés du quartier Seghir et recasées dans ces caves et dans quatre chalets à la rue voisine Salah Larbaoui. Un chiffre est principalement derrière leur décision de sortir de leurs gonds : les 120 logements sociaux finis qui demeurent à ce jour non encore attribués. « Au moment où des familles vivent dans des trous à rats, 120 logements sociaux sont vides », se désole Mohamed, un vieux retraité qui se plaint ainsi de « hogra » et qui a encore en mémoire les coups de gaz lacrymogènes avec lesquels il a été expulsé, avec des 664 autres ex-squatteurs, le 27 avril 2003. Certains, parmi ceux-ci qui se sont installés après l'expulsion à Bir Slam et Tala Ouariane, sont aujourd'hui relogés dans des F1. L'opération répond au programme de résorption de l'habitat précaire que ce groupe de résidants du plateau Amimoune a longtemps espéré voir appliqué à leur cas. Tout comme d'ailleurs le reste de ceux qui vivent dans les mêmes conditions d'insalubrité à travers toute la wilaya. L'espoir entretenu par l'annonce, par le wali, de la distribution des logements sociaux achevés, non encore attribués avant la fin de l'été dernier, est remplacé par un sentiment de lassitude « des promesses non tenues ». 491 unités, dont 25 % pour la seule commune de Béjaïa, restent à attribuer dans quatre communes de la wilaya où les commissions de daïra n'avaient pas encore achevé leurs enquêtes administratives. Menacées par les inondations de l'hiver 2005, les 16 familles du plateau ont été recasées, par l'APC, au niveau de l'hôtel Soummam avant de rejoindre leur cave 17 jours plus tard. « Nous avons cru aux promesses », disent-ils. « Faut-il que le choléra se déclare pour que l'on vienne enfin nous libérer de ces lieux insalubres où nous vivons sous amiante et en compagnie des rats ? », s'interrogent Mohamed, Melaâz, Djelloul,… qui, pour étayer leurs propos, pensent devoir brandir à chaque fois les différents PV des services de la santé publique, des pompiers et de la commune qui légitiment, on ne peut plus clairement, leurs inquiétudes et craintes.