Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Pourquoi des produits douteux échappent au contrôle... Produits périmés, avariés, contrefaits ou ne répondant pas aux normes de production et/ou de commercialisation
Outre les dangers directs ou sournois de la pollution industrielle, la santé de l'Algérien est exposée à une autre menace : les produits contrefaits, notamment ceux alimentaires. Chaque année, des milliers de cas d'intoxication sont enregistrés. En 2015, les statistiques du ministère du Commerce font état de plus de 5500 cas d'intoxication alimentaire, à l'origine du décès de onze personnes, dont deux à Khenchela, deux à Souk Ahras et un dans chacune des wilayas d'Alger, Batna, Boumerdès, M'sila, Tiaret, Béjaïa et Mila, les causes étant multiples et vont des produits périmés, avariés, en passant par ceux contrefaits ou ne répondant pas aux normes de production et/ou de commercialisation. Ces chiffres et ces causes qui n'ont pas laissé indifférent, les participants à la conférence de l'Anpep ont tenu à en débattre aussi : «La sécurité alimentaire est-elle efficacement maîtrisée, ou réellement garantie, en Algérie ?» s'interrogeait à chacune de ses interventions le Dr Mohamed Tahar Aïssani, anatomopathologiste exerçant à Skikda et membre très actif de l'Anpep. La sécurité dont il parle, outre les associations de protection du consommateur et les services répressifs du commerce, existe-il une quelconque autre structure censée y veiller aussi ? A en croire Ali Halimi, président de l'Anpep, la réponse est «oui» et il s'agit du Comité national du Codex Alimentarius (CNCA). Or, s'emporte-il, «on n'en a rarement, si ce n'est jamais, entendu parler ou enregistré une quelconque réaction de ce comité après la série de scandales alimentaires, dont celui de l'Aïd El Adha. On se demande d'ailleurs quelle est son utilité et pour quelle finalité a-t-il été créé au juste». C'est au printemps 2005 que le CNCA avait été mis en place par Noureddine Boukrouh, alors ministre du Commerce. Créé par décret exécutif n°05-67 du 30 janvier 2005, le CNCA regroupe des cadres, techniciens et des scientifiques des ministères des Affaires étrangères, de l'Industrie, de la Santé, de l'Environnement, de la Pêche et des Ressources halieutiques, des Finances, de la Recherche scientifique, des PME/PMI, des Ressources en eau et des représentants d'associations de protection du consommateur. Bien des années après, «l'on s'est rendu compte que la création du CNCA était une simple formalité à effectuer en prévision de l'adhésion à l'OMC. La démarche devrait également permettre une meilleure maîtrise de la lutte contre la contrefaçon, principalement sur le marché des produits alimentaires». Elle a pour corollaire la mise à niveau et l'harmonisation des normes de sécurité alimentaire. Ainsi, en créant son comité national, l'Algérie n'a fait que conforter sa place parmi les 169 membres de la Commission du Codex Alimentarius (CCA), créée en 1963 à l'initiative de l'OMS et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Rappelons que plus d'une quarantaine de pays d'Afrique font partie de la convention de la CCA. Celle-ci a pour objectif majeur la protection de la santé du consommateur contre les produits alimentaires contrefaits ou ne répondant pas aux normes universelles. A travers des dispositions rigoureuses que tout pays adhérent est tenu d'appliquer scrupuleusement, la CCA veille au strict respect de la législation encadrant les pratiques commerciales et la protection des produits les plus échangés sur le marché contre la contrefaçon : «Le Codex est utilisé dans différentes législations nationales de nombreux pays en développement n'ayant pas les moyens d'élaborer leur propre réglementation. Le Codex est également utilisé comme référentiel dans les conflits et différends commerciaux internationaux», faut-il le préciser. Il en ressort que se doter de son propre CNCA revient à mettre à niveau ses normes de sécurité alimentaire pour les aligner sur celles exclusivement reconnues par l'OMC. Or, sur le terrain, le fruit de cette mise à niveau est loin d'être perceptible, à en croire les conférenciers. Pour preuve, les scandales alimentaires qui se sont multipliés, surtout ces trois dernières années. Rappelons que depuis la signature des accords de Marrakech en 1994, les normes du Codex Alimentarius sont prises comme principale référence internationale pour l'OMC en matière de sécurité alimentaire. Idem pour les accords sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), ainsi que les obstacles techniques au commerce (accords OTC ou TBT). Et c'est à travers les 237 normes pour les aliments contenues dans le Codex, les 41 codes d'usage, 3274 limites maximales de résidus de pesticides, 289 limites maximales de résidus de médicaments vétérinaires, 25 lignes directrices pour les contaminants et 1005 additifs alimentaires que la rigueur des dispositions du CC prend toute sa dimension.