La chanteuse kabyle Aldjia qui, de temps à autre, s'éclipse pour une année ou deux, après sa longue carrière dans la chanson, revient avec un album intitulé Asmekti imezgi ou le «rappel permanent du souvenir». Dans cet opus, Aldjia chante, au premier titre Thughalin (le retour), son «exil épuisant» et sa nostalgie de revoir les parents, les frères, les amies, la fontaine du village, ses bergers, les belles saisons en tout temps dans les montagnes les plus reculées de son Djurdjura, la beauté de ses neiges et les apaisements qu'apporte leur froid… Le second titre, notre chanteuse le consacre au parcours inégalable de Mohia, auquel elle rend un hommage appuyé en évoquant une multitude de ses œuvres et adaptations de grands auteurs classiques universels. Elle rappelle, pour que nul n'oublie, des œuvres de cet immortel dramaturge et poète, comme Tachbaylit, l'adaptation de la pièce de théâtre La Jarre de Luigi Pirandello, Sinistri, Moh afenyan, etc. ainsi que Berrouaghia, un autre hommage à tous ceux qui ont subi les affres de ce tristement célèbre pénitencier en 1980 pour avoir revendiqué tamazight, l'authenticité identitaire, le droit à l'expression et les libertés individuelles.
Dans un autre titre, intitulé Ulac-ik tellid (tu n'es plus, mais tu es vivant), Aldjia évoque, avec cette fameuse citation, un autre immortel, Lounès Matoub, tout en criant au fil des minutes musicales «sa» douleur devant une telle perte, dans l'impunité, en plein jour, sous un soleil… «glacial». Le prélude du titre est entamé par la voix et un air musical du regretté Matoub. Dans cet album, Aldjia a repris certaines de ses belles chansons, notamment Ay argaz ruh mats ruhed (ô homme, tu n'as qu'à t'en aller !) son duo avec Slimani, dont les paroles sont composées par Kamel Hammadi pour la regrettée H'nifa, et aussi Rubba n chach (robe de soie) attendant dans la valise le mariage qui ne vient pas.
Les paroles et la musique de cette très belle chanson sont, elles, également du grand chanteur Mohand-Saïd Fahem. D'autres jolies chansons se succèdent au fil de l'écoute de cet opus, telles que Sigh tafat-ik ay itri, une prière pour son étoile à briller davantage.