La nouvelle année s'ouvre sur le même contexte de crise économique dont les effets au plan social vont fatalement s'aggraver, mais surtout sur la même configuration politique à l'origine du marasme que connait le pays. Avant d'appréhender la mise en application des nouvelles mesures de rigueur budgétaire, les Algériens sont d'abord catastrophés devant la détermination du pouvoir à continuer à gérer les affaires nationales avec les mêmes équipes qui ont, au plus, maintenu le statu quo dans une conjoncture de crise latente. Les derniers signaux envoyés par le gouvernement au sujet de quelques requêtes sociales n'attestent pas d'une maitrise de la situation mais d'une propension à des concessions sans limites, lesquelles jurent avec un fonctionnement normal et régulier des institutions. Depuis plusieurs mois, il apparait que l'équipe dirigeante ne gère plus, mais accède d'une façon inconsidérée à la moindre exigence qui se manifeste dans la rue. Dans l'agenda du pouvoir, ce n'est pas la relance économique qui est portée au premier chapitre, mais la stabilité qui constitue, au final, la véritable assurance-vie du régime. Les derniers jours de l'année qui vient de s'achever ont été marqués par un lourd climat social qui a frisé le psychodrame et ayant mobilisé l'administration à tous les niveaux. La menace de grève brandie par des commerçants et des organisations professionnelles a brutalement placé le gouvernement face à la hantise d'une remise en cause concrète de la démarche officielle. S'il a fini par préserver la stabilité quasi programmatique du pouvoir, le mode de traitement de cet épisode social ne peut pas être porteur de signaux positifs sur la suite des événements dans le pays et en direction de la société. Ce n'est plus le travail qui paie, mais la contestation. Toutes les obligations bancaires, fiscales ou para fiscales peuvent être annulées d'un trait de plume à la moindre clameur entendue dans la rue. Cette stabilité factice, bâtie sur la faiblesse du pouvoir et son déficit de légitimité ne peut constituer un gage de relance et d'efficience économiques, lesquelles ne peuvent pas être découplées du labeur et du respect de la législation. Après avoir longtemps cultivé la gabegie et la prédation en son sein, le pouvoir n'hésiterait pas à encourager l'abandon des valeurs du travail et de l'effort au sein de la société. Le système de gouvernance tel que développé par les dirigeants en place est en train de prendre les contours de la fuite en avant et l'on a vu comment le gouvernement a réagi suite à une journée de protestation des lycéens. L'impasse dans la gestion des affaires du pays ne peut être dépassée que par un renouveau politique qui concernerait les centres de décision. Les prochaines échéances électorales sont conçues pour redéfinir le système politique qui aura à relever le défi d'une construction économique libérée de la rente pétrolière. La scène nationale ne promet pas une révolution à ce sujet puisque, en dehors de l'ex parti unique qui reconstruit ses bases, les formations porteuses d'une alternative démocratique livrent présentement une bataille de survie.