Les statistiques se suivent et se ressemblent. Les augmentations sont là. Augmentations de l'excédent de la balance commerciale, des salaires, du taux d'inflation, des revenus issus de l'Impôt sur le revenu global donc des impôts sur les salaires, des recettes de TVA, un impôt qui ne fait pas de distinctions entre les revenus…Ces hausses ne présagent pas de grands changements pour le pouvoir d'achat des Algériens. Ce qui a été donné en augmentation de salaires, sous la pression de la rue, est repris par les commerçants et les impôts et taxes.Ceci était prévisible et tout étudiant en première année d'économie aurait pu le dire. Dans une économie où aucune augmentation de la production et de la productivité n'est possible, toute augmentation des revenus se traduit par une augmentation des prix. Cela est simple, claire et précis. Toute augmentation des prix entraîne une perte de pouvoir d'achat. Cette dernière est évidemment ressentie plus fortement par les revenus les plus bas. Ces axiomes ou théories économiques sont connus de tous et il semble relativement incongru de considérer les syndicats ainsi que les décideurs économiques comme des analphabètes en la matière.La pression de la rue, aidée par la conjoncture internationale, a poussé nos gouvernants à satisfaire des revendications légitimes mais irrationnelles au regard de l'état de l'économie nationale. Une économie dépendante des hydrocarbures et où le seul employeur qui recrute est l'Etat.Cette situation devrait donner à réfléchir aux partenaires sociaux qui doivent rencontrer le gouvernement courant septembre. Elle devrait aussi les pousser à s'éloigner de toute démarche populiste qui permet d'engranger des points à court terme et grever fortement l'avenir de l'Algérie à moyen et long termes.La relance de l'économie et du pouvoir d'achat sont les deux axes principaux sur lesquels devront se pencher les syndicats, patronat et gouvernement et cela dans un contexte de crise financière mondiale et de risques de récession. Une situation qui fait dire aux plus riches de ce monde qu'ils veulent payer plus d'impôts et supporter de manière plus forte les efforts que les citoyens du monde devront fournir.La tripartie s'annonce très populiste au regard des différentes déclarations des partenaires sociaux. Pourtant, la hausse du pouvoir d'achat a toujours était une préoccupation différente d'une augmentation factice des salaires. Tout comme la relance du secteur industriel a été l'objet de toutes les attentions et dans tous les discours mais cela ne s'est jamais accompagné d'une dé-bureaucratisation et d'une libération des initiatives. Le secteur bancaire continue à être le plus gros épargnant et les crédits à l'investissement, en augmentation certes, continuent à être en deçà des attentes des jeunes et des moins jeunes investisseurs. Certes, les augmentations sont là. Mais où est passée la volonté d'avoir plus de justice sociale, un équilibre régional et moins de disparités dans les revenus ?Tout a augmenté, mais sans équilibre. Les couches moyennes et inférieures de la société continuent de se sentir flouées par des politiques de courtes vues. La tripartite de septembre sera peut-être l'occasion de poser la question des équilibres et peut-être aussi la fin d'un système qui permet à tous ceux qui sont dans l'informel et dans l'illégalité de mieux s'en sortir que ceux qui obéissent à la loi. A. E.