Les prix des viandes rouges fraîches devraient enregistrer une tendance baissière après la décision des autorités d'autoriser les opérateurs économiques algériens d'importer ces denrées alimentaires à partir de la semaine prochaine. Du moins c'est ce qu'a indiqué jeudi le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, cité par l'APS. C'est donc de cette manière que le gouvernement compte sévir pour couper l'herbe sous les pieds des spéculateurs qui augmentent les prix à l'approche de Ramadhan, les rendant inaccessibles pour le commun des citoyens. L'Etat joue ainsi son rôle de régulateur du marché en l'absence d'un circuit de commercialisation organisé. Il convient de rappeler que l'importation de viande bovine avait marqué le pas suite à l'apparition de la maladie de la vache folle. « Nos concitoyens vont consommer de la viande saine (hallal) importée des pays du bassin méditerranéen. Cette décision a été prise suite à la hausse effarante des prix des viandes rouges », rassure Saïd Barkat, dont le département a pris le parti d'inonder le marché avec de la viande rouge fraîche importée pour casser les prix. Il faut dire qu'à la veille de l'avènement du mois sacré, la mercuriale des viandes rouges, tout autant que celle des fruits et légumes, a atteint des proportions qui dépassent tout entendement au moment où l'on s'enorgueillit au niveau du ministère de l'Agriculture du fait que la production nationale couvre à 100% les besoins de la population algérienne. L'Algérie est, en effet, onzième producteur mondial de viande ovine avec 165,015 millions de tonnes en 2003 et produit environ 123,201 millions de tonnes de viande bovine selon les statistiques de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Reste à savoir si cette mesure, décidée par les autorités compétentes, sera suivie d'effet dans le marché de la viande rouge où l'on n'obéit à aucune logique commerciale qui veut qu'il y ait une corrélation entre la demande et l'offre. En effet, si on part du principe que le problème qui se pose n'est pas lié à une quelconque pénurie mais à la spéculation qui a encore fait des siennes, et sachant que les commerçants sont libres de choisir les prix à leur guise, on ne peut que s'interroger sur l'efficacité d'une telle décision. A moins que la viande importée soit cédée à des prix défiant toute concurrence. Actuellement, les viandes rouges fraîches sont vendues à partir de 800 dinars à deux semaines du mois de jeûne. Les consommateurs se sont rabattus sur les viandes congelées. Cette situation suscite le mécontentement de la population qui commence à s'organiser à l'image de ces citoyens d'El Biar qui se sont donné le mot pour boycotter la viande pour protester contre le comportement des spéculateurs. L'importation de viandes rouges fraîches, qui sont des produits de première nécessité, est une solution conjoncturelle face à un phénomène récurrent.