Après les vacances de fin d'année, les prix du pétrole suivent désormais une courbe dessinée par les quotas précis mis en vente. Prises il y a quelques semaines, la décision de l'Opep de réduire sa production de 1,2 million de barils par jour et celle des non-Opep de soustraire au marché près de 600 000 barils/jour, pour pousser les prix à la hausse sont, depuis le 1er janvier 2017, officiellement confrontées à l'épreuve du terrain. Si au cours des derniers jours de 2016, les cours du brut se sont maintenus au-dessus des 55 dollars pour le brent, dans le sillage de l'annonce de la décision de réduction de production, il est certain que le marché ne va plus se suffire, désormais, des intentions exprimées par les principaux protagonistes du marché pétrolier, mais plutôt tendre à refléter la mise en pratique réelle de l'accord. A la reprise des Bourses mondiales après les vacances de fin d'année, les prix du pétrole suivent désormais une courbe dessinée par les quotas précis mis en vente. C'est donc la mise en pratique effective de l'accord et surtout le degré de respect du quota dédié à chaque pays ayant paraphé l'accord qui sont scrutés. Ainsi la cohésion de l'Opep, retrouvée après des années de différends, est plus que jamais sous la loupe des traders et investisseurs, qui jugent par ailleurs les résolutions exprimées par les producteurs non Opep, suite à leur rapprochement inédit avec l'OPEP depuis 2001. Le marché va donc certainement évoluer dans un climat empreint de scepticisme, dans la même ambiance qui a accompagné durant des mois la démarche consensuelle de l'OPEP, malgré les signaux positifs qu'elle s'efforçait de lancer, avant la conclusion de l'accord en novembre. Lors des ultimes séances de cotation de 2016, des doutes ont d'ailleurs été exprimés par certains analystes repris par les agences de presse. S'exprimant sur la bonne mise en œuvre de l'accord de l'Opep conclu le 30 novembre et celui paraphé ensuite avec les non-OPEP, ils signalaient notamment que «la volatilité sur le marché du pétrole pourrait atteindre son paroxysme en 2017, si des complications apparaissaient». Certains experts laissent entendre que les investisseurs qui attendent que l'accord de l'OPEP soit appliqué en 2017 «pourraient être déçus». Pourtant l'OPEP — qui a largement contribué à relancer le marché ces dernières semaines en annonçant deux accords de baisse de production, l'un en son sein et l'autre avec des pays extérieurs comme la Russie — affiche un optimisme étayé par un tableau de quotas précis et un suivi rigoureux confié à un comité technique. Il est à rappeler que l'Organisation se fixe un seuil de production de 32,5 millions de barils par jour dès janvier 2017. Parallèlement, la Fédération russe s'est engagée à réduire de 300 000 barils sa production, soit près de la moitié des 558 000 barils de réduction demandés aux producteurs extérieurs à l'Opep Celle-ci doit désormais renforcer sa position et faire respecter les quotas fixés. Un objectif que n'avait pas omis de mettre en relief le ministre algérien de l'Energie dans ses déclarations à la presse en marge de l'accord conclu à Vienne, le 30 novembre dernier. M. Boutarfa avait estimé que «le marché se régulera plus vite» dans le sillage du consensus qui s'est dégagé au sein de l'Opep et de l'adhésion des non-Opep. La décision était attendue, mais sa concrétisation par un respect strict de l'accord va nécessairement consolider la courbe ascendante des prix dès la reprise effective des places de cotation. Il faut savoir, par ailleurs, que l'OPEP table sur une solide demande de pétrole en 2017 en dépit de l'accord de réduction de sa production. Le secrétaire général de l'OPEP, Mohammed Sanusi Barkindo, avait estimé, il y a quelques semaines, que l'Asie aurait un grand rôle à jouer dans la croissance de la demande, ajoutant qu'«en 2017, la croissance sera aussi robuste que cette année, aux alentours de 1,2 million de barils». Au niveau mondial, l'Opep estime que la demande devrait augmenter de 17 millions de barils/jour à près de 110 millions d'ici 2040.