La marginalisation et l'exclusion sociale des handicapés, notamment ceux atteints d'une myopathie, a été le thème central d'une rencontre organisée jeudi à Oran avec la participation d'une vingtaine de praticiens, de professeurs en neurologie et de psychologues. Cette journée d'étude, première du genre à être organisée à l'ouest du pays par l'association des myopathe de la wilaya, a été marquée par la présentation d'une série de communications allant toutes dans le sens de la recherche d'une stratégie à mettre en place pour une prise en charge totale et efficace des handicapés, lesquels « ne demandent ni charité, ni pitié. Ils revendiquent tout simplement leur droit à une protection sociale afin qu'ils soient prémunis des aléas de la vie ». Ce cri d'alarme a été lancé par le docteur Litim qui a axé son intervention sur le volet de la législation algérienne relative aux handicapés moteurs. De prime à bord, ce neurologue et membre de la direction de wilaya de l'ordre des médecins, a rappelé à l'assistance qu'en Algérie, les handicapés, en particulier les aveugles et les sourds muets, ont été les premières à s'organiser en associations et fédérations pour lutter contre l'exclusion sociale, et ceci, en dehors de toute intervention de l'Etat. Il dira ensuite que « ce n'est qu'après avoir ratifié les différentes conventions des nations unies et après avoir constaté que la population handicapée augmente de façon exponentielle (en raison des accidents de la route, des maladies neuro-vasculaires, neuro-végétatives et insuffisance des PMI) que l'état algérien a pris conscience de la nécessité d'une politique nationale en faveur des handicapés, d'où la loi 02-09 du mois de mai 2002. » À ce propos, l'orateur ne manquera pas de stigmatiser la nonchalance des pouvoirs publics vis à vis de l'application effective de cette loi qui est restée, selon lui, lettre morte. Constat sur l'accessibilité du cadre bâti « Les associations d'handicapés, aidées par les conseils de l'ordre des médecins et des architectes ainsi que par la société savante algérienne, doivent impérativement, à travers des actions concrètes à l'échelle nationale, pousser les responsables de l'appareil de l'Etat à dresser un constat sur l'accessibilité du cadre bâti existant, de la voirie, des espaces publics et du transport et organiser, par la suite, un recensement de la population handicapée avec la répartition selon le type d'handicap (physique, mentale, visuel, auditif et polyhandicapé) », dira-t-il en lançant un appel pressant aux architectes et au urbanistes pour qu'ils prennent sérieusement en compte l'accessibilité des handicapés aux bâtiments et autres logis dans leurs études de projets, au même titre que celles prévues pour la sécurité incendie. Lui succédant, Mme Khiat, maitre assistante au département architecture de l'USTO, a indiqué qu'à Oran seules quelques cliniques sont munies de rampe pour l'accès des patients et non spécialement des handicapés moteurs, néanmoins, la première priorité en matière d'accès pour ces derniers demeure le logement, son espace de vie en premier lieu. Sur le plan architectural, cette vie en société se traduit par une adaptation des constructions aux appareils qu'utilisent les handicapés moteurs et l'espace nécessaire aux déplacements de ces appareils. Ainsi, le module de base devrait correspondre aux dimensions du fauteuil roulant et au volume dans lequel l'handicapé pourrait se mouvoir. Il faut savoir enfin que l'Algérie compte actuellement prés de quarante mille myopathes et que durant le premier semestre de cette année, les services spécialisés ont enregistré 26 825 blessés suite à des accidents de la route qui ont fait, par ailleurs, 1 840 morts durant cette même période.