Le président élu Donald Trump deviendra dans moins d'une semaine le 45e président des Etats-Unis. Nombre d'observateurs se disent déjà persuadés qu'il ne terminera pas son mandat en raison des présumées casseroles qu'il traîne. Le site de paris en ligne britannique Ladbrokes le donne même destitué ou démissionnaire avant la fin de son premier mandat avec une cote de 11/10, soit environ une chance sur deux qu'il quitte le bureau ovale avant 2020. Mais nous n'en sommes pas encore là. Même très loin. Donald Trump a juré, en tout cas, qu'il ne se laisserait pas faire. Mercredi dernier, lors de sa première conférence de presse depuis son élection, le président élu américain a d'ailleurs laissé éclater sa colère. Devant un parterre de 250 journalistes, Donald Trump qui était venu présenter les grandes lignes de son programme a dénoncé les «fausses informations» sur son compte diffusées dans certains médias américains concernant ses relations supposées avec la Russie. «Ce sont des fausses informations. C'est bidon. Ces choses ne se sont jamais passées. Et cela a été obtenu par nos adversaires», a déclaré Donald Trump, réagissant à la publication par le site Buzzfeed de 35 pages de notes alléguant de liens entre l'entourage du milliardaire et le Kremlin. Selon ces documents à l'authenticité incertaine, les services d'espionnage russes disposent également d'informations compromettantes («kompromat») compilées au fil des années, notamment sur des rencontres de l'homme d'affaires avec des prostituées à Moscou. «Tout est faux», a martelé le magnat de l'immobilier, alors que le Kremlin a nié l'existence d'un tel dossier. Le milliardaire new-yorkais, visiblement furieux de la diffusion de ces allégations, a volé dans les plumes du site Buzzfeed mais aussi d'un reporter de CNN. La chaîne d'information n'a pas publié les 35 pages, mais a rapporté que les chefs du Renseignement américain en avaient présenté un résumé de deux pages lors d'une rencontre avec Trump, ce que son entourage a démenti. La colère noire du nouveau président Ces notes ont été rédigées de juin à décembre 2016 par un ancien agent du Renseignement britannique pour le compte d'opposants politiques à l'ancien candidat. Elles circulaient depuis des semaines à Washington, notamment dans plusieurs médias qui tentaient d'en confirmer les éléments indépendamment. «En ce qui concerne Buzzfeed, qui est un tas d'ordures sur le déclin, ils vont en subir les conséquences, ils les subissent déjà», a prévenu le président Trump. Le futur commandant en chef de l'armée américaine s'en est aussi pris aux Services américains, se demandant à haute voix s'ils n'étaient pas la source des fuites de ces notes à Washington. «Je pense que c'est scandaleux, scandaleux, que les agences de Renseignement aient permis la publication d'une information qui s'est révélée erronée et fausse», a-t-il dit. «C'est le genre de choses que l'Allemagne nazie faisait», a-t-il ajouté. Malgré les accusations dont il fait l'objet, Donald Trump reste droit dans ses bottes et maintient son projet de rapprocher son pays de la Russie. Dans l'interview d'une heure au WSJ publiée vendredi, il a suggéré que les sanctions adoptées par Barack Obama contre la Russie pourraient être supprimées si Moscou se montre efficace dans la lutte contre le terrorisme et atteint d'autres objectifs importants pour les Etats-Unis. «Si on s'entend et si la Russie nous aide vraiment, pourquoi aurait-on des sanctions si quelqu'un fait vraiment de bonnes choses ?», a déclaré Trump, selon les extraits de l'interview diffusée par le WSJ. Donald Trump se dit également prêt à rencontrer son homologue russe, Vladimir Poutine, après son investiture. Des médias trop légers Dans un entretien accordé la semaine dernière au quotidien français Le Figaro, Jean-Eric Branaa, spécialiste de la société et de la politique américaines, estime que si les révélations d'espionnage commercial ou d'échanges d'informations dont la presse américaine accuse Donald Trump sont vraies et peuvent être prouvées, le scandale sera en effet «explosif», ce qui est bien plus grave que «scandaleux». Jean-Eric Branaa estime néanmoins que Donald Trump a gagné sa première bataille avec les médias. Comment cela ? Le spécialiste français des Etats-Unis fait remarquer que les accusations visant Donald Trump ont été portées un peu à la légère, puisque personne n'a pris la peine de les vérifier avant leur publication et qu'aucune preuve ou début de preuve n'on pu être produits. «C'est un procédé qui n'est pas glorieux. On est donc dans le domaine de la rumeur», dit-il. Jean-Eric Branaa ajoute que «les médias qui ont révélé ces informations ont donc mis en difficulté l'ensemble de leur profession, en donnant à Donald Trump l'occasion de montrer à la face du monde que ce qu'il ne cesse de répéter, à savoir que la presse lui en veut, qu'elle déforme ses propos, qu'elle publie de fausse nouvelles- n'est peut-être pas si infondé que cela». Sa conférence de presse, poursuit Jean-Eric Branaa, est tombée à point nommé pour mettre en scène la contre-attaque et il a effectivement gagné la première manche, désignant les coupables, distribuant les mauvais points et endossant l'habit de la victime. Ce qu'il est dans cette affaire jusqu'à preuve du contraire.