Les populations des régions montagneuses sont les plus vulnérables, souffrant de l'isolement à cause du blocage des routes. De Bordj Bou Arréridj à Souk Ahras, à l'extrême est du pays, les prévisions météo ne se sont pas trompées. Températures très basses, pluie et neige ont été au rendez-vous cette semaine, charriant leur lot de difficultés, à part la joie apportée par la poudreuse aux enfants qui ont joué à satiété faute d'aller à l'école.Pour le troisième jour consécutif, Constantine était hier couverte d'un épais manteau blanc. La circulation automobile était réduite et les déplacements étaient rares pour une bonne partie de la population forcée au repos. L'aéroport Mohamed Boudiaf était toujours fermé au trafic et le vol Djeddah-Constantine d'Air Algérie a dû être dérouté sur Annaba hier. Quant aux établissements scolaires et les universités, ils sont désertés depuis dimanche. La durée de cette situation a montré hier les premiers signes de crise, notamment s'agissant des approvisionnements. Dans l'ensemble des quartiers du chef-lieu de wilaya et même dans les autres communes, les commerces d'alimentation générale étaient à court de pain et de lait en sachet. Les pannes d'électricité répétées ont empêché l'activité des boulangeries, explique-t-on, alors que les distributeurs de lait n'ont pu exercer normalement et se sont contentés de vendre sur la voie publique, selon des témoins, même si la laiterie Numidia a assuré la production. Les tempêtes de neige ont affecté aussi les réseaux de distribution d'électricité et de gaz. Plusieurs localités ont été touchées par des coupures d'électricité, notamment, dans les communes de Aïn Abid, Ibn Ziad et El Khroub. A Ali Mendjeli, plusieurs unités de voisinage ont été privées de gaz. Comme d'habitude, les populations des régions montagneuses sont les plus vulnérables, souffrant de l'isolement à cause du blocage des routes. Ce qui a nécessité l'intervention des unités de l'armée sur les hauteurs de Kef Lakehal notamment, pour dégager la route desservant les mechtas de cette région, où les habitants sont privés de produits alimentaires et de gaz butane. Les mêmes unités étaient encore à l'œuvre hier dans la région d'El Abiar, relevant de la commune de Ben Badis. Les militaires au secours des régions Le trafic routier entre Constantine et les wilayas de Annaba et Skikda a été sérieusement perturbé aussi bien sur l'autoroute Est-Ouest que sur la RN3 au niveau du pic d'El Kentour. Cette région montagneuse, qui s'étend au grand massif de Collo et aux monts du grand Zardezas dans la wilaya de Skikda, a nécessité le déploiement de l'armée pour briser l'isolement des populations, notamment dans quatre communes : Ouled Hbaba au sud, Khnak-Mayoune, Kanouaa et Ouled Attia à l'ouest. Par ailleurs, des parents ont empêché leurs enfants d'aller à l'école Mohamed Djilani dans l'agglomération de Zaouïa, commune de Azzaba. En plus de l'absence de chauffage dans les classes et de repas chauds, ces parents justifient leur décision par les inondations qui ont touché l'établissement suite aux pluies qui se sont abattues sur la région. Situation identique à Jijel où la neige, qui continue de tomber sur les régions sud de la wilaya, a paralysé la vie dans les agglomérations rurales s'étendant du sud-ouest, à Erraguene, jusqu'à Ghebala et Ouled Rabah, au sud-est. Le déplacement et l'approvisionnement en vivres et en gaz butane sont les plus grandes difficultés que rencontrent ces populations, en dépit des efforts entrepris pour leur venir en aide. Solidarité des uns, opportunisme des autres Comme à Constantine, les chutes de neige ont été très importantes à Sétif et les conséquences aussi. Alors que les établissements scolaires sont fermés, cette situation rend difficile, voire impossible l'évacuation des malades et des parturientes des zones enclavées. Le manque de produits alimentaires et de butane a affecté aussi les populations des régions isolées, à l'image des mechtas Ouled Hlima, Ouled Ali, Ouled Amara situées dans le périmètre de la commune de Serdj Ghoul, à 52 km au nord de Sétif. Des quartiers et hameaux de Bougaâ et Aïn Roua ont souffert, par ailleurs, de coupure de gaz naturel dans la nuit de lundi à mardi, alors que la température passait sous le zéro. Les autorités ont mobilisé quelque 600 engins de travaux publics afin de secourir les régions enclavées. Le même niveau de mobilisation a été enregistré à Souk Ahras, où les entreprises des secteurs privé et public ont été mises à contribution pour ouvrir les routes bloquées et apporter aide aux villes et villages isolés. L'électricité coupées dans la nuit de lundi à mardi dans les communes de H'nencha, Ouled Driss, Aïn Zana et Mechroha a été rétablie au petit matin par les équipes techniques de la société de distribution du gaz et de l'électricité de l'Est. La solidarité n'est pas générale cependant. Toujours à Souk Ahras, des commerçants sans scrupules ont profité de cette occasion pour augmenter les prix de produits de première nécessité, a constaté sur place notre correspondant. C'est le cas à Aïn Zana, l'une des communes les plus affectées par l'isolement, où le prix de la bonbonne de gaz butane est passé à 600 DA, alors que le kilo de sucre était à 150 DA et le sachet de 500 gr de spaghetti à 400 DA...