La Ligue interrégions de football (LIRF) défie le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, et maintient sa décision d'organiser l'assemblée générale élective (AGE), samedi prochain, malgré la mise en garde que le ministre a adressée aux fédérations le 15 janvier dernier, les exhortant «au respect des dispositions légales et réglementaires» à la veille du renouvellement des instances sportives. Cet appel a été ignoré par la LIRF qui, au passage, a infligé un camouflet à un ministre de la République incapable de faire respecter la loi et les textes réglementaires régissant l'activité des fédérations sportives. Tout le processus mis en branle par la LIRF, avec la complicité de la Fédération, est entaché d'irrégularités statutaires et réglementaires. La loi du 23 juillet 2013, le décret exécutif 14-330 du 25 novembre 2014 et le code électoral de la FAF sont transgressés par la Fédération algérienne de football (FAF) sans que le ministre réagisse. Par son silence et son absence de réaction devant la grave dérive qui se déroule sous ses yeux, il se rend complice d'une forfaiture qui entache gravement la crédibilité de la tutelle. Alors que des clubs de la LIRF ont inscrit leur action dans le respect de la loi et refusent de s'écarter de cette voie, la Fédération et la Ligue agissent hors du cadre de la loi. Tout le processus de renouvellement des ligues doit être invalidé. La Fédération a choisi des experts, alors que la loi du 23 juillet 2013 l'interdit, qu'elle s'est chargée ensuite de propulser à la tête des ligues. La FAF a planifié des élections avec un candidat unique. Les régimes les plus totalitaires du monde ne feraient pas mieux. Pas de mise en conformité des statuts Samedi prochain, la LIRF tiendra son assemblée générale élective, alors qu'elle n'a pas procédé à la mise en conformité de ses nouveaux statuts. Ce sera un précédent grave que couvrira le ministre de la Jeunesse et des Sports. Le 26 mai 2016, El Hadi Ould Ali avait adressé une circulaire aux directeurs de la jeunesse et des sports, leur recommandant d'observer strictement les dispositions légales et réglementaires lors du renouvellement des instances sportives en insistant sur le passage suivant : «Il vous est demandé de veiller, lors de chaque assemblée ordinaire, à l'élection d'une commission de candidature et une commission de recours composée chacune de 3 à 5 membres issus de l'assemblée générale…». Le 22 février 2016, l'assemblée générale ordinaire de la LIRF a élu les membres de la commission de candidature et de recours. C'est à eux que revenait le droit de préparer l'AGE de samedi. Ali Malek, président de la LNFA et qui gère, à titre provisoire, la LIRF, et Yacine Benhamza, candidat unique élu président de la ligue régionale de Saïda et membre du bureau fédéral, se sont substitués aux membres élus des deux commissions et ont cuisiné des membres de l'AG pour valider le choix de la fédération. El Hadi Ould Ali assumera-t-il ses responsabilités ? Son attitude vis-à-vis de cette affaire suscite beaucoup d'interrogations sur son pouvoir et sa capacité à faire respecter la loi au niveau du secteur dont il a la charge. D'ailleurs, est-ce réellement lui qui dirige le secteur ? Sa posture renvoie à la déclaration que le président de la Juventus avait faite à un magazine de football en 2001, lors du transfert de Zinédine Zidane au Real Madrid. Interrogé sur le départ du joueur à Madrid, il avait répondu : «Nous avancions sur la reconduction du contrat et, subitement, il a décidé de partir. Je pensais que c'était lui qui portait le pantalon. Je me suis trompé.» Allusion à peine voilée au rôle qu'a joué l'épouse du footballeur dans son départ de Turin. Est-ce vraiment le ministre qui commande et dirige le secteur que lui a confié le président de la République ? Difficile de le croire en pensant aux violations de la loi de juillet 2013, du décret exécutif de novembre 2014 et du code électoral par la FAF et la LIRF sans entraîner une vigoureuse réaction de sa part.