L'élection du président de la Ligue de football professionnel (LFP) s'est déroulée hier à Sidi Moussa. C'était l'avant-dernière étape du long processus électoral qui a débuté en mai et qui s'achèvera au premier trimestre 2017 avec l'élection du président de la Fédération algérienne de football (FAF). Que retenir de ce processus de renouvellement des instances du football ? D'abord, les nombreuses irrégularités, transgressions de la loi de juillet 2013, violations du code électoral de la FAF qui ont marqué le processus électoral. Ensuite, la passivité et la complaisance des pouvoirs publics (ministère de l'Intérieur et ministère de la Jeunesse et des Sports) qui ont cautionné toutes les dérives, sans oublier la complicité que beaucoup qualifient de servitude volontaire des membres des assemblées générales. Enfin, il y a lieu de noter l'événement provoqué par des membres de l'assemblée générale de la Ligue interrégions (LIRF) qui ont manifesté leur rejet absolu de la transgression de la loi par ceux-là mêmes qui sont tenus d'observer les textes qui régissent les activités des organes et instances du football. Les membres de l'assemblée générale de la LIRF se sont opposés à la candidature d'experts choisis par la Fédération, et ce, en conformité avec la loi de juillet 2013 qui ne mentionne nulle part l'existence d'experts et/ou membres indépendants (c'est la même chose). Un ancien dirigeant de la Fédération a qualifié ce qui s'est passé hier à Sidi Moussa «d'intifadha contre l'arbitraire érigé en ordre». Michel Foucault a superbement transcrit cette situation en déclarant : «Il y a pire que l'abus de pouvoir, l'abus d'obéissance». Ce propos sied parfaitement à la situation qui prévaut depuis des années dans le football algérien. Des assemblées générales entières ont cautionné les dérives, sur le plan statutaire, et plongé le football dans une situation qu'aucun homme sain d'esprit ne peut accepter. Des élections avec un candidat unique, des experts parachutés en flagrante violation de la loi, des élections par acclamation interdites par la loi et clairement affichées dans le code électoral de la FAF. Hier à Sidi Moussa, Mahfoud Kerbadj a été réélu à la tête de la LFP par acclamation avec l'assentiment de la commission électorale, présidée par Hassan Hamar et les membres de l'assemblée générale. Aucune voix discordante n'e s'est élevée pour rappeler à tous le devoir de respecter l'intégralité des articles du code électoral de la FAF qui stipule dans son article 16-1 : «Les élections se font à bulletin secret pour toute élection d'un organe ou d'une personne…». Pourquoi Hassan Hamar et les deux autres membres de la commission électorale, Mahfoud Boukelkal (O Médéa) et Mohamed Morro (ASM Oran) ont-ils cautionné cette dérive ? C'est l'impunité et le non-droit qui nourrissent ce genre de dépassement. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, osera-t-il s'inviter dans ce débat, ou au contraire continuera-t-il de fermer les yeux sur les graves dépassements enregistrés lors du processus électoral des instances du football ? A moins que…