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Si Zoubir, la mémoire d'El Kettar des aïeux
Si Zoubir Ouchefoune, doyen et mémoire du cimetière d'El Kettar nous a quittés
Publié dans El Watan le 19 - 01 - 2017

Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme ouvre le firmament, et que ce qu'ici-bas nous prenons pour le terme, n'est que le commencement», Victor Hugo. Qui ne connaît pas Si Zoubir Ouchefoune qui s'est éteint en douceur à l'âge de 81 ans le 12 décembre de l'année écoulée, veille du saint Mawlid Ennabaoui Echarif entouré de l'affection des siens et de celle de ses très nombreux amis de La Casbah ?
Ce personnage très populaire à la Cité antique a, tout au long de sa vie, incarné une mémoire vivante du cimetière des aïeux, il fut également une figure coutumièrement attachante, aimable et avenante de l'ancêtre des cimetières d'Alger, celui d'El Kettar baptisé dès l'indépendance au nom de Ouchefoune Hacène, frère aîné du défunt et chahid de la guerre de Libération. Un lien générationnel du cimetière d'El Kettar et de la famille Ouchefoune datant du XIXe siecle : 1847/2008 Pour la remémoration du souvenir, il y a lieu d'évoquer une attache particulière de la famille Ouchefoune avec le cimetière d'El Kettar.
Cette famille de vieille souche algéroise, sédentaire de la commune de Bouzaréah, est implantée au cimetière d'El Kettar depuis les années 1847 où le grand-père de Si Zoubir, feu Si M'hamed qui était employé municipal à la ville d'Alger en qualité de fossoyeur, a, pour des raisons de disponibilité permanente sur les lieux de travail, bénéficié d'un petit logement d'astreinte dans ce royaume du repos éternel.
Ce patriarche, né en 1832 toujours à Bouzaréah, décédé à l'âge de 85 ans en 1917, a été enterré à La Bridja d'El Kettar. C'est dans l'enceinte de cette magnifique bâtisse appelée «La Bridja» et dans une de ses dépendances devenue domicile de la famille que Si Zoubir a vu le jour le 24 septembre 1935 dans un havre d'humanisme et de communion avec la communauté de ceux qui ont quitté ce bas monde pour un au-delà meilleur.
Un lien générationnel de la famille Ouchefoune de plus d'un siècle et demi avec ce lieu mythique de La Bridja datant d'avant l'époque ottomane et édifié à l'avènement de celle-ci en un joyau architectural mauresque avec ses colonnes, sa fontaine, son patio blotti dans un univers écologique enchanteur de verdure orné de plantes aromatiques, et d'arbustes égayés par le gazouillis roucoulant des plus belles espèces d'oiseaux.
C'est au cimetière d'El Kettar que le chahid Hacène Ouchefoune, à l'époque Conservateur des lieux, a été arrêté par l'armée française en février 1957 pour ne plus réapparaître depuis cette date victime d'une pratique courante des disparitions forcées qui s'achevaient criminellement par des exécutions punitives extra-judiciaires.
Ceci après la découverte de ses importantes et stratégiques activités militantes clandestines qui consistaient en la dissimulation d'armes de guerre dans l'invisibilité des tombes insoupçonnables à ce subterfuge de résistance de la guérilla urbaine à Alger contre l'occupant colonialiste à une période cruciale de la Révolution.
Si Zoubir Ouchefoune : une mémoire vivante d'El Kettar des aïeux dans sa spiritualité de la «rahma de jadis»
Quant au défunt Si Zoubir, nous l'avions connu en l'année 2009 lors de la résurrection du parcours et du souvenir de l'emblématique chanteur Hadj M'rizek accompli par l'Association des amis de la rampe Louni Arezk - Casbah avec la contribution de l'écrivain-chercheur en patrimoine musical Abdelkader Bendameche, à l'époque commissaire du Festival de la chanson chaâbie. Avec spontanéité, motivation, enthousiasme et constante disponibilité, malgré son âge, son lieu de résidence éloigné à Bab Ezzouar et professionnellement sa récente mise en retraite, Si Zoubir a efficacement contribué à l'identification et au réaménagement de la tombe de l'illustre disparu Hadj M'rizek, icône de la chanson chaâbie.
En la circonstance et au cours de nos multiples rencontres nécessaires pour la concrétisation du projet, nous avions été impressionnés par la prodigieuse mémoire d'un Si Zoubir qui ne cessait de nous transposer à travers sa vive narration dans un éden paradisiaque qu'il nous contait avec ferveur, émotion et toujours avec de longs soupirs de regret entrecoupés de la célèbre expression poétique populaire «Yaassafi âala ma mada» (oh ! regrets pour ce qui hélas fut un passé de grandeur et de lumière).
La Bridja, un éden écologique et un havre d'humanisme, de communion et de respect des morts
C'était sa Bridja natale et El Kettar de son enfance qu'il nous projetait en images du souvenir avec une tendresse infinie soutenue par une infaillible mémoire tramée de repères marquants de ce que fût le cimetière d'El Kettar où il a vécu pendant plus d'un demi-siècle et qu'il a quitté à grand-peine et à son corps défendant lors de l'année 2008 pour être transféré administrativement et relogé à Bab Ezzouar où il n'a pu se réadapter loin de l'humus de son terroir culturel qu'est La Casbah d'Alger et La Bridja natale de son enfance.
Homme de grande sagesse et de rectitude qui jouissait d'une chaleureuse considération auprès de ses nombreux amis, Si Zoubir nourrissait le vœu ardent de revoir un jour La Bridja et le cimetière d'El Kettar ressurgir de ce qu'il qualifiait d'une malédiction cauchemardesque.
Un rêve de le revoir un instant dans son luxuriant univers de splendeurs verdoyantes pour bercer le repos des morts dans le respect, la ferveur et le recueillement, vertus coutumières et traditionnelles de la société algérienne. Un devoir de raison sacré de la société dans sa condition humaine envers ses disparus en une inclination vénérée à une œuvre de volonté divine qui inexorablement s'accomplira en alternance sur toutes ses créatures mortelles d'éphémèrité.
Avec une exclamation peinée difficilement contenue, Si Zoubir, révulsé, nous a également révélé son amertume de vivre une réalité amère et intolérable de ce cimetière qui était hier une fresque de prestige hélas redevenue par le fléau de l'incivisme et de la négligence méconnaissable par l'amoncellement d'immondices et de détritus en violation des préceptes moraux de ce lieu sacré qui incarne le culte de la mémoire des morts, et ce, de surcroît en terre d'islam.
Les cimetières : un patrimoine mémoriel et miroir civilisationnel d'une nation
A ce propos, il est opportun de rappeler que les cimetières constituent le miroir civilisationnel d'une nation qui reflète simultanément ses valeurs d'humanisme, de foi, de civisme, et de profonde «rahma» magnanime à travers la sacralisation rigoureuse de ces lieux qui pérennisent fondamentalement un patrimoine mémoriel à travers le cycle générationnel des âges et des temps.
Dans l'immense espoir que la volonté inébranlable de tous, citoyens, institutions, mouvements associatifs auxquels se joint en premier plan l'Association des amis de la rampe Louni Arezki - Casbah puisse aboutir à exaucer les vœux de Si Zoubir et de tous ceux qui l'ont précédé dans le sommeil éternel de l'au-delà, pour ne citer que quelques noms d'artistes de célébrité, à l'image de Rachid Ksentini, Hadj M'rizek, Hadj M'hamed El Anka, Boudjemâa El Ankis, H'sissen et dernièrement rejoint par la légende Amar Ezzahi et tant d'autres auréoles de la culture algérienne, aux côtés de martyrs de la Révolution qui reposent dans la sérénité céleste au cimetière d'El Kettar.
Réjouis par cet acte salvateur d'outre-tombe empreint d'une pensée affective à leur endroit, ils retrouveront ainsi la spiritualité de l'âme et la quiétude au repos éternel couvés en cette douce terre ancestrale d'El Kettar qui jadis était une symbolique des valeurs humaines d'algérianité qui constitue un legs générationnel de serment et de fidélité de mémoire.


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