Les couffins contenant les denrées alimentaires se sont vidés, l'eau coule à petits filets, pour ne pas dire pas du tout. La situation dans les camps des réfugiés sahraouis est dramatique. Le spectre d'une crise humanitaire est à craindre pour le proche avenir. Les réfugiés sahraouis, qui ont accueilli samedi dernier à Smara (camp des réfugiés sahraoui) le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), James Morris, n'ont pas caché leur colère. James Morris a failli être pris à partie par une foule qui lui réclamait de la nourriture. En réponse à ce cri de détresse, le représentant du PAM ne pouvait que promettre son engagement à travailler avec le Croissant-Rouge sahraoui afin de poursuivre l'opération de distribution des aides humanitaires que son ONG chapeaute depuis 20 ans. En somme, ce n'est pas ce que souhaitaient les milliers de réfugiés qui se trouvent entre le marteau des pressions franco-espagnoles et l'enclume de la famine. Cela même si James Morris a écarté toute éventuelle pression d'ordre politique. Néanmoins, le directeur du PAM s'est ressaisi en laissant entendre que « les difficultés rencontrées ces derniers jours n'ont aucun lien avec des problèmes d'ordre politique ». James Morris a insisté sur le fait que son organisation est apolitique. Autrement dit, elle (PAM) s'occupe exclusivement des questions d'ordre humanitaire. Cela ne l'empêche pas d'exprimer sa solidarité avec le peuple sahraoui ainsi que son soutien au droit à l'autodétermination qui traîne comme un boulet au pied. Naïla Sabra, directrice régionale du PAM, a estimé que la gestion des aides ne doit pas être politisée. Une manière de dire que même si la question sahraouie est « très politique », cela ne devra aucunement influer sur le volet humanitaire. Aux yeux de cette représentante du PAM, le problème réside aujourd'hui au niveau de la gestion des aides qui émanent des ONG. « Il y a une forme de laxisme dans la gestion et cela peut s'améliorer », a-t-elle estimé. Naïla Sabra regrette, par ailleurs, le manque de coordination entre les différents pays donateurs. Comme pour justifier la révision à la baisse, inexpliquée, des aides humanitaires, Naïla Sabra brandit le justificatif lié à l'absence de chiffres exacts des nécessiteux. A ses yeux, « il n'y a pas de bases statistiques crédibles ». Mais rapidement rectifiée par le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, qui annonça à l'occasion un taux de plus de 160 000 réfugiés. Ces derniers, selon Mohamed Abdelaziz, supportant des conditions climatiques et de vie sévères, se trouvent aujourd'hui face à un danger imminent. Le secrétaire général du Front Polisario tire la sonnette d'alarme en insistant sur le fait que ces réfugiés sont guettés par une véritable famine à cause de l'interruption des stocks alimentaires et la réduction de l'aide des organisations internationales. Il n'a pas manqué d'ailleurs de lancer « un appel urgent » au PAM ainsi qu'à toutes les organisations humanitaires internationales et régionales pour intervenir en urgence et apporter les aides nécessaires afin que cette catastrophe soit évitée. Le Dr Bilar Martinez, représentante de la mission de Galicia (Espagne) de solidarité avec les enfants sahraouis, dresse un bilan sanitaire alarmant sur les réfugiés sahraouis. Selon elle, le problème fondamental dans les camps est la malnutrition. Cause essentielle du développement de la maladie qu'elle appelle le Kuasiorcor Marasmo. Il existe aussi, toujours selon l'oratrice, d'autres maladies concernant des atteintes pulmonaires et des bronchites chroniques. Le Dr Bilar Martinez indique que 90% des femmes sont anémiques et 70% d'entre elles souffrent d'une anémie aiguë. Du fait de leur sous-alimentation, les enfants perdent du poids. « On a rencontré des enfants âgés d'un an avec le poids d'un bébé d'un mois », selon Lara Santiago, une autre représentante de cette ONG espagnole.