Certains responsables sahraouis sont allés jusqu'à qualifier des ONG humanitaires de complices avec le lobby franco-espagnol. Cri de détresse! Les réfugiés sahraouis risquent de mourir de faim. Depuis quelques semaines, les appels se multipliaient, faisant état d'une situation qui laisse à désirer dans les camps de réfugiés où il ne fait pas bon de vivre. Pénurie alimentaire et aléas climatiques, ce n'est pas tout si l'on prend en compte aussi l'isolement médiatique et le désintéressement des ONG dites humanitaires. Abandon ou agenda peu favorable aux Sahraouis, ces ONG se sont vues prises dans le filet de diverses accusations, à l'instar de celle de non-assistance à personne en danger. Il a fallu qu'une délégation officielle de l'Union africaine se déplace, la semaine dernière, aux camps de réfugiés pour confirmer les risques de famine qui pointent à l'horizon. L'initiative du Comité des réfugiés de l'UA tend à sensibiliser les organisations humanitaires, en l'occurrence le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr), le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM). Le constat fait ressortir un besoin accru d'apporter et d'accroître l'aide et l'assistance aux réfugiés sahraouis. Le Comité des réfugiés de l'UA a fini par lever le voile sur une situation, à la limite d'une tragédie. Le président du comité a établi, d'ailleurs, un procès-verbal déplorable à l'issue de la visite. Il a exprimé une «profonde préoccupation devant l'impasse que connaît la question de décolonisation du Sahara occidental». L'on a suggéré, à l'occasion, une campagne de sensibilisation de la communauté internationale afin d'éviter que les réfugiés sahraouis ne tombent dans l'oubli. Au cours des dernières semaines, plusieurs alertes ont été déclenchées. Les organisateurs de la 32e Conférence européenne de coordination et d'appui au peuple sahraoui (Eucoco), tenue cette année à Vitoria (Espagne), ont qualifié les conditions des réfugiés sahraouis de très précaires «une situation qui s'est aggravée en raison de la diminution de l'aide humanitaire». D'autres associations solidaires du peuple sahraoui, lassées des multiples appels sans réponse, ont carrément décidé de sortir, aujourd'hui, dans les rues de Madrid (Espagne). Cette manifestation «pour la décolonisation et l'indépendance du Sahara occidental» coïncide avec la commémoration du 31e anniversaire des accords tripartites de Madrid, signés le 14 novembre 1975. Un compromis par lequel le gouvernement espagnol de l'époque cédait au Maroc et à la Mauritanie le territoire sahraoui, en violation de la légalité internationale. En 1979, la Mauritanie s'était retirée du Sahara occidental et avait signé des accords de paix avec le Front Polisario, laissant le Maroc comme seule force d'occupation de l'ensemble du territoire. L'abandon des aides par les instances en charge et les ONG, ou, du moins, la politique d'aide alimentaire, alimentation à petites doses, suscite une indignation croissante de la communauté internationale. Certains responsables sahraouis sont allés jusqu'à qualifier des ONG humanitaires de complices avec le lobby franco-espagnol, allié du Maroc. Un jeu à haut risque et une accusation qui n'est jamais innocente. La france, un pays insouciant, dont la présence en Afrique est souvent jalonnée de génocides et de crimes contre l'humanité, peut-elle vraiment jouer la carte de la faim contre le peuple sahraoui? Possible, eu égard à son passé en Afrique. Le passage, hier, d'un convoi de motos sur le territoire sahraoui a provoqué une polémique. Il paraît que les organisateurs de la traversée ont eu autorisation auprès du Palais royal, chose qui n'est pas conforme aux lois onusiennes. En tout cas, la représentation du Front Polisario en France a démenti, hier, «avoir octroyé un droit de passage» au convoi de motos, immobilisé à la frontière sahraouie-mauritanienne.