La réunion des chefs de diplomatie arabe, tenue sous le sceau de l'urgence dimanche au Caire, a adopté un train de mesures qui non seulement devraient porter la question devant l'Assemblée générale de l'ONU, mais aussi aider concrètement les populations palestiniennes au bord de la famine comme l'attestent les statistiques de l'ONU. Réunis à la suite du massacre de Beït Hanoun, mais aussi au lendemain du veto américain empêchant l'adoption par le Conseil de sécurité d'une résolution aux termes pourtant très modérés, les ministres des Affaires étrangères se sont, en effet, engagés à briser le blocus économique international imposé aux Palestiniens depuis l'entrée en fonction en mars dernier du gouvernement formé par le mouvement islamiste Hamas. Les pays arabes sont convenus de verser des fonds à destination de l'Autorité palestinienne sans détailler la formule retenue pour ces versements. « Les banques arabes vont transférer les fonds sans se soumettre à de quelconques restrictions imposées sur les banques. Les banques arabes doivent transférer ces fonds », a déclaré Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, sans plus de précisions pourtant bien utiles, puisque des mécanismes de transfert et des institutions chargées de le faire ont déclaré leur incapacité, voire leur refus pour ne pas subir de représailles américaines. Le transfert des fonds promis par certains pays arabes à l'Autorité palestinienne a également été bloqué par Israël, empêchant le paiement des salaires de dizaines de milliers de fonctionnaires palestiniens. Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Mahmoud Zahar, a estimé que la décision de la Ligue arabe faciliterait la formation d'un gouvernement d'union nationale, objet actuellement de négociations entre le Hamas et le Fatah, ce qui, par ricochet, permettrait de lever le blocus économique imposé aux Palestiniens. « La décision des pays arabes de lever le blocus économique est extrêmement importante, elle signifie que les Arabes renoueront avec les moyens habituels de verser l'aide », a-t-il dit. Pour reprendre leurs aides directes, les pays occidentaux exigent que le Hamas renonce à la violence et reconnaisse Israël ainsi que les accords israélo-palestiniens passés. Mais pas question pour eux d'exiger d'Israël de respecter ses engagements internationaux qu'il a contractés avec les Palestiniens, et encore moins de reconnaître leurs droits nationaux. M. Zahar a reconnu que « cela prendra du temps » avant que les fonds ne reviennent abonder les caisses vides de l'Autorité palestinienne mais, a-t-il dit, « sur la base de cette décision des pays arabes, nous tenterons de briser le blocus international ». Le ministre palestinien a annoncé que le Koweït avait nouvellement transféré 30 millions de dollars à l'Autorité palestinienne, sans préciser comment. La reconstruction de Beït Hanoun, dans le nord de la bande de Ghaza, systématiquement détruite par l'armée israélienne, nécessitera 50 millions de dollars, a-t-il par ailleurs affirmé. Dans leur déclaration finale, les chefs de la diplomatie arabes ont exprimé leur « extrême indignation » face au veto déposé samedi par les Etats-Unis pour bloquer un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, condamnant le bombardement israélien que les pays occidentaux ont transformé en bavure, acceptant en cela l'explication israélienne. Un incroyable cynisme, et un réel parti pris. En tout état de cause, la décision arabe est d'une extrême importance car elle évitera l'effondrement de l'Autorité palestinienne, et un désastre humanitaire, décrété par le Quartette, c'est-à-dire avec le consentement de l'ONU.