Une réunion d'urgence des chefs de la diplomatie des pays membres de la Ligue arabe a eu lieu, hier au Caire, pour répondre au veto américain qui a bloqué la résolution condamnant le massacre israélien de Beït Hanoun. En usant de son droit de veto pour empêcher la condamnation de l'Etat hébreu pour le massacre perpétré par son armée à Beït Hanoun, Washington a contribué à accroître le sentiment d'anti-américanisme dans le monde arabe. Il suffit de se référer aux déclarations du secrétaire général de la Ligue arabe pour comprendre que la colère a atteint un point de non-retour. En effet, par leur veto, les Etats-Unis ont, une fois de plus, manifesté leur mépris en direction du monde arabe, qui accorde une place importante à la cause palestinienne. “Nous lisons ce message avec un profond regret et une grande colère (…) Il dit que le processus de paix est complètement terminé”, a affirmé Amr Moussa, qui avouera que “ce veto est incompréhensible et accroît la colère existant au Proche-Orient”. Pour bien exprimer son incompréhension, il s'interrogera : “Est-il possible qu'un tel veto soit opposé ?” Selon lui, “Israël utilisera ce veto comme prétexte pour poursuivre ses actes contre les Palestiniens”. Ces déclarations ont précédé la réunion ministérielle de la Ligue arabe convoquée à la demande du Liban pour examiner la situation dans les territoires palestiniens après l'escalade de l'agression israélienne contre le peuple palestinien, particulièrement le massacre à Beït Hanoun. Mercredi dernier, 19 Palestiniens, en majorité des enfants et des femmes, ont été tués par des obus israéliens tombés sur leurs maisons dans ce village du nord de la bande de Gaza. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Fawzi Salloukh, démissionnaire, fait partie des absents parce qu'il est l'un des cinq ministres chiites libanais qui ont présenté samedi leur démission du gouvernement de Fouad Siniora. La délégation algérienne était présidée par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, aux travaux de cette réunion, en remplacement du chef de la diplomatie algérienne retenu par d'autres engagements à Alger. Cette réunion s'est transformée en une occasion pour discuter d'une démarche arabe à entreprendre à la suite de ce veto et des opérations israéliennes. Il semblerait qu'un consensus s'est dégagé pour que les pays arabes déposent le projet de résolution bloqué par le veto américain au Conseil de sécurité devant l'Assemblée générale de l'ONU, où il a davantage de chances d'être adopté, le veto n'y existant pas, contrairement au Conseil de sécurité. Pour rappel, le projet de résolution arabe, présenté par le Qatar, a recueilli dix voix favorables, quatre abstentions et une voix opposée, celle des Etats-Unis. Ceci étant, la communauté internationale, notamment les capitales arabes, ont accueilli avec regret et déception le veto américain. La présidence de l'Autorité palestinienne a condamné vivement ce veto, estimant que cela servira de moyen de protection aux pratiques israéliennes visant à “anéantir le peuple palestinien”. Pour Jean-Marc de La Sablière, ambassadeur de France aux Nations unies, “le texte était équilibré et son adoption aurait envoyé aux deux parties le signal positif que le Conseil de sécurité se préoccupe vraiment de ce qui se passe à Gaza, des morts de civils et de la protection de la population”. Pour Aboul Gheït, le chef de la diplomatie égyptienne, “le veto accroît la désespérance du peuple palestinien et son sentiment que la communauté internationale l'ignore et ne tient pas compte de son calvaire”. De nombreux pays et organisations non-gouvernementales ont exprimé leur indignation et consternation provoquées par le veto des Etats-Unis, ainsi que par la poursuite des attaques israéliennes contre le peuple palestinien. K. ABDELKAMEL