Mohamed Salem Ould Salek, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, est apparu, lors d'une conférence de presse donnée hier à Alger, serein et pas du tout inquiet de l'adhésion du Maroc à l'Union africaine (UA), au terme du 28e Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'organisation panafricaine, tenu les 30 et 31 janvier à Addis-Abeba. Au contraire, il dit considérer cette admission comme une victoire du peuple sahraoui du moment que les autorités marocaines ont rejoint l'UA sans émettre de réserve, alors que par le passé elles conditionnaient leur adhésion par l'expulsion de la RASD. A la question de savoir si le Maroc n'utilisera pas justement cette adhésion pour affaiblir les Sahraouis et paralyser l'organisation panafricaine, Mohamed Salem Ould Salek a assuré que personne n'acceptera qu'un tel scénario se produise. «L'UA a atteint un degré de maturité et d'indépendance dans ses décisions lui permettant de contrer les plans et tentatives du Maroc d'attenter aux dispositions de l'Acte constitutif de l'organisation panafricaine», a indiqué M. Ould Salek, affirmant que «la majorité, sinon tous les Etats africains s'attendent à ce que le Maroc s'engage à respecter ce qu'il a signé et ratifié (Acte constitutif de l'UA)». Au-delà, il a indiqué que l'opinion «sera bien assez vite fixée sur les intentions du Maroc». Le MAE sahraoui a, par ailleurs, ajouté que les soutiens du Maroc au sein de l'UA ne sont pas aussi nombreux que le prétend Rabat. «Les soutiens du Maroc se comptent sur les doigts d'une seule main. Il s'agit notamment du Sénégal, du Gabon et de la Côte d'Ivoire. S'il y avait vraiment eu 39 pays qui soutiennent le Maroc, vous pensez bien que Rabat ne se serait pas gêné pour proposer l'amendement de l'Acte constitutif et expulser la RASD», a ironisé Mohamed Ould Sallek, ajoutant que dans tous les cas de figure, «nous les attendons au tournant». «Celui qui compte sur les jours est nu», a-t-il dit. Revenant sur la chronique de cette adhésion, Mohamed Ould Salek a indiqué, que l'UA a décidé d'admettre le Maroc comme 55e Etat membre de l'Union suivant un «consensus parmi les Etats membres de l'UA», affirmant qu'«aucun vote n'a eu lieu, contrairement à ce qu'ont tenté de faire croire les médias marocains». Le chef de la diplomatie sahraouie a ajouté que «l'adhésion a eu lieu conformément à l'article 9 et l'article 29 de l'Acte constitutif de l'UA, basé sur le respect des frontières héritées à l'indépendance et la non-utilisation de la force pour l'acquisition de territoires, ‘‘des principes sacro-saints''». M. Ould Salek a ajouté qu'au plan juridique, la ratification par le Parlement marocain de l'Acte constitutif de l'UA équivaut à une reconnaissance claire par les autorités marocaines de la RASD, cela tout comme elle signifie l'abandon par Rabat de ses revendications sur la portion du territoire sahraoui qu'il a colonisée. Après l'adhésion du Maroc à l'UA, a encore fait remarquer M. Ould Salek, «on assiste à l'ouverture d'une dynamique dont le Maroc n'aura aucun argumentaire à employer pour changer la position de l'Union vis-à-vis du Sahara occidental». «Même les pays qui le soutiennent ne seront pas en mesure de le défendre, partant du fait que le gouvernement marocain a ratifié et signé sans condition et sans réserve aucune l'Acte constitutif», a soutenu M. Ould Salek. Le chef de la diplomatie sahraouie a rappelé que le Maroc a déjà perdu toutes les batailles juridiques possibles et imaginables. Le temps, a-t-il dit, est venu pour les autorités marocaines de se conformer à la légalité internationale. Cela passe, a insisté M. Ould Salek, par l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Une revendication que la conférence des chefs d'Etat de l'UA n'a d'ailleurs pas manqué de réitérer. Aussi, a-t-elle appelé le 31 janvier dernier l'Assemblée générale des Nations unies à déterminer une date pour la tenue de ce référendum d'autodétermination.