C'est un long feuilleton à rebondissements qui dure depuis des années. Des centaines d'enseignants des universités de Constantine (Constantine 1, 2, 3 et l'université des sciences islamiques), ainsi que ceux de l'Ecole normale supérieure (ENS) mènent une véritable bataille pour défendre leur droit au logement de fonction destinés à cette catégorie dans le cadre d'un programme lancé par le président de la République. Pour l'histoire, ces logements de haut standing, situés à proximité de l'université Rabah Bitat (Constantine 3) étaient prévus pour accueillir l'élite algérienne installée à l'étranger et désirant rentrer au pays. Faute de demandeurs, le projet reviendra aux enseignants de Constantine, conformément aux directives de la tutelle. Entre-temps, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Les logements en question ont attiré les convoitises de certaines parties et fait couler la salive à de nombreux opportunistes. «Cela fait des années que nous bataillons pour que ces logements de fonction ne soient pas détournés de leur vocation, nous avons reçu des informations confirmées sur des tentatives menées par certains cercles pour détourner ces appartements au profit des personnes qui ne sont pas des enseignants universitaires», soutient Nabil Dib, porte-parole de la coordination des enseignants postulants des universités de Constantine. Notre interlocuteur, qui semble bien au fait des rouages qui ont marqué l'opération depuis son lancement, rappelle que bien des embûches ont été dressées sur le chemin des demandeurs pour les affaiblir et les pousser à lâcher. «Nous ne comptons pas baisser les bras ; nous avons suivi toutes les procédures depuis le dépôt des demandes jusqu'à l'établissement des listes de bénéficiaires, nous ne faisons que faire valoir en toute légitimité notre droit pour bénéficier de ces logements de fonction et nous ne demandons pas à être des propriétaires, c'est une question de dignité pour l'enseignant, dans un pays où le footballeur est mieux considéré», poursuit-il. Rencontré à l'occasion d'un sit-in organisé, lundi dernier, devant la tour administrative de l'université des Frères Mentouri à Constantine, le porte-parole de la coordination des enseignants des cinq établissements a indiqué : «Nous avons choisi cette voie indépendamment de toute organisation syndicale, pour montrer que nous sommes ouverts à toutes les mouvances et éviter de subir l'influence d'une quelconque partie.» Pour rappel, le projet en question concerne la réalisation de 460 logements de fonction, au profit des enseignants universitaires. Le projet, confié à plusieurs promoteurs, connaît des perturbations depuis son lancement en 2012. «A chaque fois qu'on se manifeste à travers des mouvements de protestation, les chantiers sont relancés comme par enchantement, puis ils s'arrêtent juste après. Il y a des manœuvres claires pour tenter de nous avoir à l'usure et nous pousser à lâcher, mais nous sommes déterminés à ne pas nous laisser faire, nous continuerons toujours à revendiquer nos attributions dans un cadre légal et réglementaire», poursuit Nabil Dib. Ce dernier ne manquera pas de rappeler que les listes des bénéficiaires ont été arrêtées depuis des mois par la commission compétente, mais le statu quo persiste toujours. Les concernés n'ont jamais cessé de solliciter les autorités de la wilaya pour trouver une issue à cette situation qui a pris des allures complexes par la volonté de certaines parties animées d'intérêts occultes. «Nous avons sollicité l'intervention de l'ex-wali, Hocine Ouadah, pour trouver une solution à ce problème, mais sans résultat, il n'a même pas voulu nous recevoir, alors qu'il avait accordé une audience aux représentants des supporters du CSC, affichant un mépris total pour les enseignants», rappelle notre interlocuteur. Dans trois requêtes successives adressées au nouveau wali, Kamel Abbès, les 16 octobre et 27 novembre de l'année écoulée, puis le 22 janvier dernier, dont nous détenons une copie, la coordination des enseignants rappelle au premier responsable de l'exécutif l'arrêt du chantier et des travaux d'aménagement, les lenteurs des procédures au sein de la commission universitaire chargée de l'établissement des listes des bénéficiaires, mais surtout le retard dans la remise des attributions conformément aux directives du ministre de l'Enseignement supérieur, notamment que le projet a dépassé le taux de 40 %. «Nous sommes sûrs que le wali, Kamel Abbès, n'a pas été informé de nos doléances et que nos requêtes ne lui ont jamais été remises, mais nous restons toujours confiants pour une intervention de sa part qui puisse nous rétablir dans nos droits», conclut le représentant de la coordination. Constantine.