La rentrée s'annonce houleuse pour les étudiants en pharmacie et les pharmaciens diplômés. Ils sont en colère et menacent de durcir le ton en recourant à des actions de protestation dans les prochains jours aux fins de presser leur tutelle de trouver des solutions aux multiples problèmes dont souffre leur spécialité. Une marche et un sit-in devant le ministère de la santé ainsi qu'une grève dans les universités sont en préparation, a indiqué à El Watan, Jugurtha Kaddour, délégué des étudiants en pharmacie. «Nous sommes en train d'œuvrer pour fédérer les étudiants en pharmacie des dix facultés existant au niveau national. Leurs délégués se sont montrés favorables pour une action de grève dès la rentrée», dira l'étudiant, actuellement en résidanat à l'université de Sétif. Jugurtha appréhende déjà la vie active, au regard du sort qui est réservé aux diplômés en pharmacie, acculés au chômage où contraints à se suffire au statut de vendeur après des années d'études universitaires. Ils seront plus de 6000 diplômés à vivre cette situation, tandis que le nombre d'étudiants actuel est entre 7000 et 8000, selon notre interlocuteur. La filière n'est plus prometteuse en raison de sa «mauvaise gestion» par la tutelle, aussi bien dans sa phase pédagogique que professionnelle. Pour rappel, le premier cri de détresse des étudiants et diplômés en pharmacie remonte à 2011 à travers une grève générale qui a paralysé plusieurs facultés du pays. Réagissant à cette action, le ministre de l'Enseignement supérieur de l'époque, Rachid Haraoubia, avait alors promis de prendre en charge les revendications portées par les protestataires, mais cette promesse est restée sans suite, alors que la situation de la filière est intenable. Les étudiants et diplômés en pharmacie reviennent à la charge cinq années après, décidés à arracher leurs droits. S'agissant des premiers, en plus de déplorer des carences qui minent leurs conditions sociopédagogiques, ils pointent du doigt le manque de débouchés, de spécialités et de postes dans la filière, invitant les autorités «à les revoir à la hausse en toute urgence». Selon Jugurtha Kaddour, les étudiants exigent l'augmentation du nombre de postes de résidanat avec une priorité aux pharmaciens dans les différentes spécialités pharmaceutiques, fondamentales et biologiques, la création de nouvelles spécialités : pharmacie industrielle, pharmacie hospitalière, pharmacie clinique, radio-pharmacie, pharmacie oncologique, pharmaco-économie, pharmaco-épidémiologie, génétique moléculaire, etc., et la création d'une filière destinée à former les préparateurs en pharmacie (bac+3). Par ailleurs, ils revendiquent la diminution du nombre de places pédagogiques au sein des facultés de pharmacie en fonction des besoins du marché du travail. Sur ce dernier point, notre interlocuteur ne comprend pas l'attitude des responsables universitaires qui continuent de baisser la moyenne d'accès des nouveaux bacheliers en pharmacie, alors que les diplômés trouvent toutes les peines du monde à se caser professionnellement. Quant aux pharmaciens diplômés, ils exigent la création du statut de pharmacien assistant et obligation des pharmacies d'officine de recruter des pharmaciens assistants en fonction du chiffre d'affaires, les pharmacies d'officine doivent recruter des docteurs en pharmacie, préparateurs en pharmacie et étudiants en pharmacie à partir de la 4e année, le passage du 13e au 16eéchelon sur la grille des salaires, les pharmacies des hôpitaux doivent avoir le statut d'un service hospitalo-universitaire au même titre que les services médicaux et chirurgicaux, obligation de l'industrie pharmaceutique de recruter des pharmaciens dans les différents secteurs (contrôle, production, qualité, promotion, etc.), retraite des pharmaciens d'officine après 32 - 35 ans de service avec l'instauration d'une formule de financement à fin que le jeune pharmacien puisse acheter le fonds de commerce. Enfin, les diplômés en pharmacie exigent que la norme d'un pharmacien pour 5000 habitants soit révisée et réduite à un pharmacien pour 3500 habitants, plus l'ouverture de postes pour les pharmaciens au sein des pharmacies des hôpitaux.