Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est sur le point de nommer l'ancien Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, envoyé de l'ONU en Libye, en charge des pourparlers entre les parties libyennes. Une décision que l'on qualifierait a priori d'ordinaire, un geste au demeurant courant, et tout compte fait, cela relève des attributions du premier responsable de l'organisation internationale. Sauf qu'un tel geste a une forte charge symbolique. Il ne s'agit pas d'un mouvement courant, comme cela se produit régulièrement, et tout aussi normalement depuis que l'ONU existe. C'est justement sur cette existence que s'inscrit cette décision, celle de l'Etat palestinien membre de l'ONU depuis 2012, impliquant des droits et des devoirs. C'est dans ce cadre qu'Antonio Guterres a agi, donc en totale conformité avec les décisions de l'ONU, fermement rappelées le 23 décembre dernier à l'occasion d'un vote du Conseil de sécurité qualifiant d'illégale la colonisation israélienne. Sans le moindre vote négatif, relevait-on ce jour-là, comme pour dire qu'il y a accord pour rappeler le droit du peuple palestinien à la justice. On connaît la réponse israélienne. C'est tout simplement l'intensification de la colonisation, suscitant de très nombreuses réactions, mais cependant sans que soit envisagée la moindre action concrète pour imposer les résolutions de l'ONU. La communauté internationale a bien fait preuve de fermeté dans certains cas, et même de l'usage de la force comme l'y autorise la Charte de l'ONU, alors même que le discours sur la question du Proche-Orient suscite désormais les craintes les plus fortes. En ce sens, les Palestiniens rappellent qu'ils ne demandent que leurs droits nationaux, avec un Etat aux frontières telles que définies internationales. Avec cette précision donnée par l'un des principaux négociateurs palestiniens que «si nous nous réveillons un matin, allumons Fox News ou CNN et apprenons que quelqu'un a pris la décision de déménager l'ambassade vers El Qods occupée, le jour même, la reconnaissance par l'OLP de l'Etat d'Israël sera révoquée, et l'Etat de Palestine demandera son accession à seize organisations internationales». C'est le retour au statu quo ante, l'état de guerre auquel devait mettre fin un processus de paix dit d'Oslo. Du moins le supposait-on, avant que les Israéliens ne décrètent sa mort et accentuent la politique de colonisation. Ou encore de dire leur opposition à toute forme de règlement, ni Etat unique, ni solution dite à deux Etats. C'est là une parfaite description de l'extrémisme israélien qui fait tant peur à de nombreux pays de par les conséquences que cela peut engendrer. Beaucoup, même parmi les plus éloignés géographiquement, considèrent que la question du Proche-Orient non résolue poserait de graves problèmes pour leur propre sécurité. Un tel discours tenu depuis une dizaine d'années ne fait que s'amplifier. Il y a donc urgence à imposer la stricte application des textes de l'ONU et redonner espoir aux Palestiniens.