Les multiples tractations internationales n'ont finalement pas réussi à convaincre le chef de l'état-major de l'armée libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, de rencontrer, au Caire, le chef du gouvernement de réconciliation, Fayez El Sarraj. Le politologue libyen Ezzeddine Aguil a déclaré, la semaine dernière sur ces mêmes colonnes d'El Watan, que le nœud de la crise libyenne, c'est l'autorité de tutelle sur le commandement de l'armée. Le maréchal Khalifa Haftar insiste sur l'attribution de ce pouvoir à l'Assemblée nationale libyenne, autorité qui l'a nommé à son poste actuel. Par contre, l'accord de Skhirat, dans sa version actuelle, considère que c'est le président du Conseil de la présidence, soit Fayez El Sarraj, qui dispose de cette autorité. C'était la principale réserve des gens de l'Est contre l'accord de Skhirat qui a empêché sa validation par le Parlement de Tobrouk. El Sarraj est venu au Caire avec une proposition, acceptant certes de réduire le Conseil de la présidence de neuf à trois personnes (un président et deux vice-présidents) ; elle parle d'un gouvernement de crise, qui se charge des affaires courantes et qui n'est pas présidé par El Sarraj. Mais si elle comporte l'installation de Haftar à la tête d'un conseil militaire, l'autorité supérieure de la hiérarchie militaire sera aux mains du Conseil de la présidence (El Sarraj), «qui peut donc écarter Haftar à tout moment», ajoute le politologue Aguil, qui pense que Haftar «ne saurait accepter une telle proposition». D'où le niet de Haftar à la proposition d'El Sarraj. L'Egypte a fini par publier un communiqué officiel relatant les points d'accord entre Haftar et El Sarraj. Il y aurait un accord sur des élections parlementaires, avant février 2018, la reformulation de l'accord de Skhirat, avec un Conseil de la présidence du gouvernement réduit à trois personnes, l'installation d'un Conseil supérieur des armées pour toute la Libye et la constitution d'un conseil national de dialogue, formé par 15 membres du Parlement et 15 membres du Conseil de l'Etat (ex-Congrès national général), pour veiller à la finalisation des accords obtenus. Les observateurs considèrent que la mission (Le Caire) a échoué, car «les conditions ne sont pas encore réunies pour sa réussite, à savoir un véritable rapprochement entre les deux camps, concernant l'autorité sur l'armée», selon Ezzeddine Aguil.