Comment préserver l'environnement des huiles usagées ? La question a fait, hier, l'objet d'un thème central lors d'un séminaire international sur les huiles usagées à l'hôtel El Aurassi. Sous l'égide du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, la rencontre a mis en exergue les capacités inexploitées de certaines entreprises à collecter et réutiliser les tonnes d'huiles dispersées dans la nature. Cet état de chose est un manque à gagner pour l'économie algérienne mais qui porte un coût sévère à l'environnement. D'abord, il faut savoir que l'on distingue deux types d'huiles usagées : les huiles noires qui comprennent les huiles moteurs et certaines huiles industrielles. Les huiles claires qui proviennent des transformateurs, des circuits hydrauliques et des turbines. Les premières huiles sont fortement dégradées et contaminées. Les secondes sont au contraire peu contaminées et chargées d'eau et de particules. A. Haouchine, directeur général de Total lubrifiants Algérie, rappellera lors de son allocution que les huiles, dont le gisement neuf avoisine les 180 000 tonnes, contiennent des teneurs élevées en métaux et notamment en plomb. En effet, 1 tonne d'huile usée contient 300 g de plomb. « Cette particularité rend leur destruction par incinération quasi complète puisque les éléments polluants (soufre, chlore, métaux lourds) sont piégés dans le produit final », explique le directeur de Total. Et d'ajouter, cependant, que les huiles ne sont pas biodégradables et que parce qu'elles ont une densité plus faible que l'eau, 1 litre d'huile usagée peut couvrir une surface de 1000 m2 d'eau. Ce qui fait défaut en Algérie, c'est l'absence d'installation opérationnelle agréée pour l'élimination des huiles usagées. « Selon les pratiques internationales en matière de collecte, on pourrait récupérer environ 70 000 tonnes », reprend le directeur de Total Algérie. Mais hormis Naftal, il n'existe aucune structure professionnelle dédiée spécifiquement à la collecte. D'ailleurs, il n'existe aucune statistique fiable sur la quantité collectée. Les huiles noires usagées sont régénérées ou incinérées en cimenterie. M.Haouchine ajoutera que la réglementation en vigueur est très insuffisante puisqu'il n'existe que des textes généraux et non pas ceux spécifiques à l'activité, à savoir la loi du 19 juillet 2003 relative à la protection de l'environnement dans le cadre du développement durable, la loi du 12 décembre 2001 relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets ainsi que le décret du 10 juillet 1993 relatif aux conditions et aux modalités de récupération et de traitement des huiles usagées. Quelques pistes de réflexion ont été explorées lors du séminaire, entre autres, « une démarche visant à étudier les meilleures pistes de ramassage et d'élimination des huiles usagées ».