Le stockage des huiles usagées, en Algérie, est un problème qui, actuellement, se pose avec acuité pour la protection de l'environnement. Une problématique examinée et étudiée durant le séminaire international sur les huiles usagées, organisé par le groupe Total Lubrifiants Algérie, hier, à l'hôtel Aurassi à Alger. Ainsi, Total, par la voix de son directeur Général, affirme "sa volonté d'être au premier rang parmi les pétroliers leaders en termes de protection de l'environnement et de gestion des déchets". De ce fait, le groupe s'est inscrit dans des engagements vis-à-vis du développement durable ainsi que dans l'amélioration et la valorisation des énergies nouvelles, et enfin dans la gestion de l'impact des activités sur l'environnement. "En tant que société de droit algérien d'une part, filiale d'un groupe pétrolier international d'autre part, la question de l'environnement est au cœur de notre réflexion et constitue pour nous une préoccupation majeure", a affirmé son directeur général. En outre, l'organisation de ce séminaire international permettra aux participants d'analyser ensemble et en profondeur le cycle des huiles usagées, en partant de la source de ces huiles jusqu'à leur valorisation après usage. Ainsi, ces derniers seront capable d'établir un état des lieux des huiles usagées en Algérie et notamment faire le point sur l'expérience internationale et le savoir-faire du groupe dans ce domaine. Ce genre de démarches permet aussi d'évaluer les conditions d'organisation des filières d'élimination des huiles usagées : ressources et débouchés, s'informer sur les tendances internationales actuelles en matière de collecte et de traitement des huiles usagées et enfin réfléchir sur la démarche à initier, les échéances à fixer et les actions à engager pour répondre à la préoccupation environnementale face à un risque dont les conséquences, avec la croissance du marché, ne doivent pas être sous-estimées. En Algérie, la problématique des huiles usagées se pose sérieusement, pour la protection de l'environnement. Cette matière avec ses deux catégories, "les huiles noires qui comprennent les huiles moteurs et certaines huiles industrielles (huiles de trempe, de laminage…), des huiles fortement dégradées et contaminées", ainsi que "les huiles claires qui proviennent des transformateurs, des circuits hydrauliques et des turbines peu contaminées et chargées en général d'eau et de particules", représentent un grand danger sur la nature. En effet, selon les experts, un litre d'huile usagée peut polluer un million de litres d'eau, alors dans ce cas on peut imaginer le degré de la catastrophe écologique que risque notre pays en stockant cette matière sans collecte ni traitement. Par ailleurs, M. Haouchine a affirmé que "le marché algérien des lubrifiants neufs avoisinerait 180 000 tonnes". La répartition des consommations se présente comme suit : lubrifiants moteurs 60 à 70%, lubrifiants industriels 30 à 40%. L'usage de ces lubrifiants générerait, selon les normes admises, environ 110 000 tonnes d'huiles usagées dont 85 000 tonnes d'huiles moteurs (le taux de collecte peut atteindre 80%) et 25 000 tonnes d'huiles industrielles (le taux de collecte n'est que de 10%). "Selon les pratiques internationales en matière de collecte, on pourrait récupérer environ 70 000 tonnes" a ajouté le responsable. Concernant la collecte, il n'existe aujourd'hui en Algérie, aucune structure professionnelle organisée, agréée et dédiée spécifiquement pour la collecte. Le seul opérateur dans ce domaine est le groupe Naftal, opérateur historique dans la distribution des produits pétroliers, qui récupère une partie des huiles usagées. La meilleure manière de traiter ces huiles usagées serait leur régénération. Selon M. Haouchine, "les huiles usagées sont régénérées par "re-raffinage" le raffinage sulfurique ou le raffinage au propane. La régénération permet d'obtenir, à partir de 3 litres d'huiles usagées, environ 2 litres d'huile de base ayant les propriétés de l'huile de base neuve". Ces déchets peuvent être également utilisés comme combustible dans les cimenteries autorisées, la température élevée de cuisson du mélange de matières premières minérales nécessaire à la fabrication du ciment permet l'incinération de déchets dangereux combustibles. Du côté de la réglementation, "le dispositif réglementaire mis en place à ce jour est très insuffisant", juge le responsable. Depuis le 1er janvier 2006, la loi de finances 2006, a institué en son article 61, une taxe sur les lubrifiants importés, laquelle fixée à 12 500 DA la tonne, ou fabriqués sur le territoire national et dont l'utilisation génère des huiles usagées. Les revenus annuels de cette taxe estimés 2 250 000 000 DA pour un marché de 180 000 tonnes sont répartis comme suit : 15% au profit du trésor public ; 35% au profit des communes ; 50% au profit du Fonds national de l'environnement et de la dépollution (Fedep). Dans ce contexte, Mlle Dalila Boudjemaâ, directrice générale au ministère de l'Environnement, a affirmé qu'un texte de loi est en projet qui concerne la collecte et le traitement des huiles usagées. Ce dernier fixera les conditions de la collecte et du traitement des huiles usagées. Ainsi le gouvernement renforcera la réglementation actuelle en introduisant des textes réglementant le stockage, le ramassage et la collecte des huiles usagées.