Le service d'oncologie de l'EPH (Etablissement public hospitalier) de Sidi Ghilès, l'unique dans la wilaya de Tipasa, selon les statistiques officielles, fait état de 183 nouveaux patients sur un total de 707, atteints par le cancer. Ce service, qui est pourvu de 43 lits, est encadré par trois professeurs en oncologie, cinq maîtres-assistants et neuf paramédicaux. 40 malades sur les 707 suivis dans ce service ne résident pas dans la wilaya de Tipasa. Il y a eu 3536 séances de chimiothérapie et 176 chirurgies oncologiques. C'est dans ce contexte que l'association El Amaal santé de Hadjret Ennous, agréée depuis le 15 septembre 2013 et présidée par le Dr Meriem Bourdja, a tenu à célébrer la Journée mondiale du cancer jeudi dernier, au sein de la maison de jeunes de Hadjret Ennous, localité côtière paisible, située à l'ouest de Tipasa, à une quarantaine de kilomètres. «Notre association compte 200 femmes atteintes du cancer, nous indique la présidente, Bourdja Meriem, nous menons des actions de sensibilisation, surtout dans les zones rurales enclavées de notre wilaya pour engager des dépistages précoces, ajoute-t-elle. Hélas, chaque année nous enregistrons le décès de neuf malades en moyenne, alors nous lançons un appel aux citoyens pour nous aider dans notre mission», conclut-elle. La salle de réunions était archicomble. Au programme de la manifestation, la projection d'un court documentaire, qui relatait les activités de la jeune association, notamment en zones rurales, allant de Menaceur jusqu'à Beni Mileuk. «Conduite à tenir devant un nodule», «Traitement chirurgical du cancer du sein», «Traitement par la chimiothérapie», «Thérapie ciblée et traitement hormonal», «Les effets secondaires hématologiques du traitement par la chimiothérapie», «La thrombopénie», «L'anémie», «Les lésions précancéreuses du cancer du sein», «Le traitement par la radiothérapie», «L'accompagnement des malades et de leur famille», «L'alimentation anticancer», tels sont les thèmes des communications animées par les professeurs Mohamed Medjdoub, Souad Taoussi et Abdelmadjid Sari, du CHU Frantz Fanon de Blida, du chirurgien Mohamed El Hadi Oukina de l'EPH de Hadjout, du docteur maître-assistant Widad Gais, de l'EPH de Sidi Ghilès, du docteur hématologue Fatima Lamraoui, du CHU de Blida, de la première médecin radiothérapeute du continent africain, docteur Medjdoub, épouse du Pr Medjdoub Mohamed, du docteur diététicienne Larbi, de l'EHS de Tipasa, et bien d'autres médecins spécialistes, qui avaient fait part de leurs expériences et de leurs inquiétudes. Les débats étaient fructueux, francs et tendus entre les intervenants et les conférenciers. L'écrasante majorité de l'assistance était composée de femmes, médecins, infirmières et patientes. Beaucoup de questions ont été posées, notamment sur les équipements des laboratoires de l'Anapath et l'immuno-histochimie, la formation des médecins généralistes sur le dépistage du cancer, la prise en charge préventive, l'éducation des patients sur les effets secondaires, l'absence des moyens matériels vitaux lors des traitements, l'indisponibilité des marqueurs, l'absence d'urologues au CHU de Blida, l'absence d'un service de soins palliatifs doté d'un personnel expérimenté et formé. «Nous manquons de disponibilités, en dépit de l'existence des moyens de télécommunications comme l'intranet et l'internet, déclare le Pr Sari Abdelmadjid. Très peu de médecins acceptent de prendre en charge des patients en fin de vie, il n'y a pas de dignité, alors que chacun de nous est interpellé et concerné par la fin de vie du malade. Il y aussi des comportements indignes en présence des malades, mais qui a déshumanisé nos hôpitaux», s'interroge-t-il. Mme Medjdoub, radiothérapeute retraitée, regrette l'absence de communication entre les médecins et entre les médecins et les malades. Les diététiciens ont mis l'accent sur la qualité de l'alimentation, sur l'oxydation des cellules. En somme, une foule d'informations ont été dévoilées par les médecins spécialistes et les conseils étaient précieux pour une meilleure prise en charge des malades atteints du cancer. Enfin, la dernière intervention est celle d'une femme atteinte du cancer, venue de Bou Ismaïl pour exposer son cas. Maman de garçons et de filles devenus cadres après la réussite dans leurs études, artisane pâtissière, elle avait insisté sur le soutien de son mari, ses proches et de l'association El Amaal Santé de Hadjret Ennous depuis 3 années. Emue et en pleurs, elle a pris l'initiative d'accueillir chez elle, à Bou Ismaïl, les femmes atteintes du cancer, pour les encourager à ne pas perdre l'espoir d'une guérison. La séance d'ouverture des travaux de la Journée mondiale du cancer s'est déroulée en présence du wali de Tipasa, Ghellaï Moussa, qui, avant de quitter la salle pour continuer son inspection des projets, avait promis le soutien et l'aide au profit de cette jeune association composée de femmes et d'universitaires, qui agissent utilement pour l'intérêt de leurs compatriotes atteints de cette terrible maladie, le cancer. La présence de professeurs en médecine, de médecins spécialistes, de médecins généralistes, de maîtres assistants, de chirurgiens, du personnel paramédical venus de Blida et des localités de la wilaya de Tipasa, de malades et des membres de l'association Ef Fadjr de Blida, autant d'invités, illustre le degré de sérieux de cette association qui a vu le jour dans une petite localité, mais grâce à ses efforts et son travail, elle est arrivée à forcer le respect de toute la communauté solidaire et active qui s'attelle à soulager les patientes et les patients atteints du cancer, un mal qui ronge les malades et leurs proches..