Remis en cause après l'adoption de la très controversée loi du 25 février 2005 par le parlement français, le traité d'amitié algéro-français n'est pas totalement compromis. Selon le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, la signature du traité en question n'est pas impossible. « Rien n'est impossible dans la vie », a déclaré le chef de l'Etat à la presse, à l'issue de l'audience qu'il a accordée, hier, au ministre de l'Intérieur français, Nicolas Sarkozy, en visite de travail de deux jours en Algérie. Avant-hier, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, avait affirmé que le temps n'est pas propice à la signature dudit traité et qu'il faudra construire l'amitié entre les deux pays. Une amitié, a attesté Nicolas Sarkozy, qui a besoin encore de beaucoup de temps et d'efforts supplémentaires. Les autorités algériennes et françaises se sont, semble-t-il, accordées à se donner plus de temps pour une refondation de leurs relations et une bonne compréhension de l'histoire commune. Selon l'officiel français, la question du traité d'amitié est une « histoire entre les chefs d'Etat des deux pays ». « Je ne suis pas là pour la signature du traité d'amitié », a lancé le ministre français, lundi dernier, en précisant qu'il est venu en Algérie pour tenter avec les responsables algériens de trouver les solutions aux problèmes confrontés. « L'Algérie est un pays important pour la France et la France est un pays important pour l'Algérie », a-t-il souligné. Les deux pays, a estimé le président Bouteflika, son condamnés à avoir un avenir commun. « Je crois que nous ne pouvons rien contre les lois de la géographie. Je me suis laissé dire dernièrement que l'Algérie et la France n'avaient pas l'intention de déménager », a ajouté le chef de l'Etat. Dans ce sens, le premier magistrat du pays a affirmé : « Il y a une condamnation, une fatalité qu'il faut assumer positivement. » Le traité d'amitié est-il possible sans le pardon ? La demande des excuses émises par l'Algérie après l'adoption de la loi de 25 février 2005 glorifiant le colonialisme a été évacuée des discussions entre Sarkozy et les officiels algériens. Le président Bouteflika, ayant à maintes reprises dénoncé l'attitude du parlement français qui s'est substitué aux historiens en légiférant sur une page d'histoire, a indiqué ne pas vouloir « parler de ce problème aujourd'hui ». « J'ai une opinion et je ne voudrais pas qu'elle puisse engager mon ami Sarkozy », a justifié M. Bouteflika. Toutefois, la France n'est pas près de regretter son passé colonial et encore moins de demander pardon aux Algériens. Nicolas Sarkozy l'a clairement signifié à ses interlocuteurs algériens. A la fin des entretiens qu'il eus avec le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, le ministre de l'Intérieur français a annoncé l'avoir informé de l'impossibilité pour les Français de présenter des excuses. « J'ai dit au Premier ministre, Abdelaziz Belkhadem, qu'on ne peut pas demander aux fils de s'excuser des fautes de leurs pères », a-t-il affirmé. Alors, comment est-il facile de glorifier le passé de leurs pères ? En tout cas, la visite de Sarkozy, qui a pris fin hier après une virée au monastère de Tibhirine (Médéa) et une rencontre avec le président Bouteflika, a confirmé la situation difficile dans laquelle se trouvent les relations entre les deux pays.