La mairie d'Aït Bouadou, dans la daïra des Ouadhias (50 km au sud-ouest de Tizi Ouzou), dépense annuellement environ 500 millions de centimes dans la gestion et la distribution de l'eau potable. L'entretien des réseaux d'eau potable (AEP) est assuré par une trentaine d'ouvriers, rémunérés par l'APC. Les citoyens ne paient aucune contrepartie pour ce faire. L'Algérienne des eaux (ADE) est absente dans cette localité enclavée. Elle n'encaisse aucun centime de la part de la population locale qui s'oppose fermement avec l'APC d'Aït Bouadou à la présence de l'ADE sur leur territoire. Le secrétaire général (SG) de l'APC explique ce refus en déclarant que « tout le réseau d'alimentation et de distribution de l'eau potable de notre commune a été réalisé par les citoyens durant les années 1970 sous forme de fontaines. Ces réseaux sont installés d'une façon anarchique et certains nécessitent d'être complètement remplacés. La station de pompage de Tebodh et la station de reprise d'Aït Achour ont été également réalisées sur le budget de notre APC. Aujourd'hui, l'ADE veut ramasser de l'argent sans l'installation d'un nouveau réseau d'AEP, ce que nous refusons totalement ». Le vice-président de l'APC d'Aït Bouadou va encore plus loin en déclarant qu'ils n'ont pas besoin de l'ADE car 60% de l'eau est distribuée par gravité. Le SG ajoute : « Nous gérons bien la situation sans l'intervention de l'ADE grâce à l'expérience que nous avons acquise. Les citoyens ne se sont d'ailleurs jamais plaints, même durant la période de sécheresse ». La venue de l'ADE à Aït Bouadou est conditionnée par la réalisation d'une installation complète du réseau d'AEP et la construction de nouveaux réservoirs d'eau pour un coup estimé à 8 milliards de centimes. Une étude a été faite par l'APC en 2001. Le dossier dort dans les tirroirs de la direction de l'hydraulique de Tizi Ouzou qui aurait reçu une réponse négative de la part du ministère de la tutelle, à en croire les dires du SG et du vice-président d'APC. Cette situation complexe démontre très bien la déliquescence des institutions de l'Etat, mais personne ne semble s'en inquieter.