La toute dernière photographie de la tendance générale des prix, telle que prise par l'Office national des statistiques (ONS), révèle un pic d'inflation à plus de 8% en janvier dernier. En glissement annuel, constate le même organisme public, le rythme moyen d'inflation sur les 12 mois écoulés se maintient à des niveaux proches de 7%, avec une tendance nette au renchérissement généralisé des biens et services. Ainsi calculées par l'ONS sur la base d'un panier représentatif des principales dépenses des ménages, les évolutions récentes de l'indice des prix à la consommation risquent de démentir in fine tous les calculs du taux moyen d'inflation tel qu'anticipé dans les cadrages économiques du gouvernement. Expansion monétaire et évolution des prix à la consommation comprises, l'agrégat de l'inflation que prévoit la loi de finances en vigueur est ainsi annoncé à un niveau ne dépassant pas les 4%. Et dans l'ensemble, les anticipations officielles convergent toutes à assurer d'un niveau d'inflation qui restera contenu sous le seuil des 5%. Toutes proportions gardées, la palette de chiffres à laquelle le consommateur est ainsi convié donne plutôt l'impression d'être en total décalage avec la réalité visible des prix à la consommation. Bien que les méthodologies prises en référence pour mesurer les poussées inflationnistes ne soient pas à mettre en doute, il paraît néanmoins évident que nombre de paramètres agissant sur la formation des prix n'y sont pas pris en compte, faute d'être objectivement quantifiables. Découlent d'ailleurs de ce constat les sempiternelles «polémiques» entre gouvernement et Banque centrale autour des causes réelles des pics répétitifs d'inflation. Car, sans être étrangères au contexte actuel de crise financière, les flambées des prix observées fréquemment sur le marché, faut-il relever, sont extraordinairement amplifiées par les dysfonctionnements structurels de la sphère économique locale et de sa gouvernance. C'est ainsi que les niveaux d'inflation atteints ces derniers mois ne peuvent s'expliquer ni par le seul fait du rehaussement de deux points de la TVA, ni par un quelconque phénomène d'inflation importée, ni même par le simple impact de l'érosion avérée de la valeur du dinar qui, certes, y contribue significativement. Aussi, si les thèses réfutant tout recours à la planche à billets, et par conséquent toute origine monétaire de l'inflation, paraissent pour ainsi dire sujettes à caution, les autres facteurs mis en cause en la matière semblent en revanche tout à fait pertinents. Absence de cohérence entre formation des prix et évolution de l'offre et de la demande, défaillances de régulation, prédominance du cash, spéculation, fraude et informel constituent ainsi autant de variables qui participent si fortement à générer de l'inflation sans pour autant être explicitement quantifiées. Telles des forces «occultes» qui ont fini en somme par prendre complètement le dessus sur toute autre orthodoxie pouvant régenter rationnellement le marché.