La Haute instance de surveillance des élections n'a pas eu le temps nécessaire et a commencé sa mission avec une première expérience qui est celle de l'assainissement du corps électoral, a reconnu son président. Le président de la Haute instance indépendante de surveillante et des élections (HIISE), Abdelwahab Derbal, a été hier l'invité de l'émission de la Radio Chaîne 3, «L'invité de la rédaction». M. Derbal a longuement parlé du travail de son équipe, ce qu'elle peut faire et aussi ses limites. «Il y a beaucoup de manque de confiance qui s'installe dans le pays. C'est à nous de travailler sérieusement et de dire à notre peuple qu'on peut faire quelque chose de bien.» Parlant du travail fait jusque-là par la commission, l'invité de la Chaîne 3 a regretté le fait que l'instance n'ait pas eu le temps nécessaire et ait commencé sa mission avec une première expérience qui est celle de l'assainissement du corps électoral. Il se dit «satisfait des résultats obtenus avec les responsables de l'Intérieur». Ces derniers, a-t-il affirmé, font un travail colossal. Abdelwahab Derbal pense qu' «on peut faire beaucoup mieux avec le temps». «C'est pour la première fois depuis l'indépendance, qu'on a un corps électoral qui n'augmente pas de la façon qu'on a connue depuis des années», note le président de la HIISE, qui souligne que l'opération d'assainissement a été immense en expurgeant le fichier des noms des électeurs décédés. A une question sur les marchandages et l'argent sale qui a touché la récolte des parrainages par les candidats, M. Derbal a indiqué qu'il y a beaucoup de bruits autour de cette question. «Nous, les Algériens, on parle beaucoup mais on ne travaille pas beaucoup», dit-il avant de confirmer l'existence de deux ou trois cas au moins qui se sont avérés : avec preuves. «Ils sont incarcérés», a annoncé l'invité de la Rédaction de la Chaîne 3 qui regrette le fait qu'il y ait des gens qui veulent ouvrir un autre marché en parallèle avec les élections. «C'est notre devoir de les poursuivre et d'appliquer la loi pour tout le monde», a-t-il soutenu en assurant que l'instance qu'il préside est «l'alliée des partis politiques qui veulent des élections propres et alliée de l'administration qui veut appliquer la loi». «Nous défendons les droits de tous les acteurs», a ajouté M. Derbal. «Comment assurer la transparence des prochaines élections ?» Sa réponse a été un peu vague. «Ce n'est pas uniquement l'instance qui en est en charge», explique-t-il en apportant une précision de taille. «L'instance de par la Constitution joue un rôle, les partis, le gouvernement, les médias, et la société civile aussi.» En un mot la Haute instance n'est pas la seule garante de la propreté des élections. Ceci dit, «nous allons défendre la propreté des élections en appliquant la loi», a indiqué Abdelwahab Derbal, qui promet de «faire barrage à tous les gens dont l'intention est d'être élus par tous les moyens et à n'importe quel prix». «Je m'engage à veiller sur la transparence des élections et le choix des électeurs», soutient l'invité de la Chaîne 3 qui reconnaît toutefois la difficulté de la tâche. «C'est très dur de le dire et c'est plus dur de le faire», a-t-il souligné. Comment garantir une élection propre ? M. Derbal répond : «Je vais rassembler tous mes amis dans l'instance, tous mes amis dans les partis politiques et tous mes amis dans le gouvernement qui croient que l'Algérie peut faire quelque chose de bien, et on va relever le défi.» Pas si sûr que la volonté suffira à elle seule. Le président de la Haute instance se montre peu confiant en soulignant que «l'expérience qu'on a depuis des années, on ne peut pas tout renverser, directement à la fois», comprendre par là qu'il ne sera pas évident de mettre fin aux vieilles habitudes de fraude. «Si juste, on pouvait établir la confiance», a-t-il indiqué. Selon lui, «la démocratie, c'est une culture que l'on apprend». Et «ce n'est pas comme cela qu'on peut renverser tout l'historique électoral du pays», avoue l'invité de la Chaîne 3 pour qui ce premier rendez-vous servira à bâtir «les fondations des élections transparentes pour une démocratie qui dure dans le pays». Avez-vous tous les moyens aujourd'hui pour agir et travailler ? interroge l'animatrice de «L'Invité de la Rédaction». «On a un peu de moyens mais pas tous les moyens», a-t-il répondu en expliquant que l'instance est nouvelle, «elle n'a pas eu le temps nécessaire pour ce rendez-vous». Assurant par ailleurs que «l'instance est indépendante et ne subira aucune pression quelle que soit son origine», Abdelwahab Derbal a insisté sur l'accès au fichier électoral avec les services du ministère de l'Intérieur. «Dans les jours qui viennent, il y aura une réunion nationale de l'instance pour évaluer la première étape, la collecte des signatures l'assainissement du fichier électoral et les candidatures», a annoncé M. Derbal qui promet une couverture équitable de la campagne électorale par les médias publics. «Il y a eu une réunion avec la l'ARAV pour coordonner nos efforts afin d'assurer un traitement équitable de la campagne dans le service public.»