Depuis sa mise en place le 22 janvier par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, la Haute instance indépendante de surveillance des élections ( Hiise), par la voix de son président, Abdelwahab Derbal ne cesse, à chaque sortie médiatique, de rassurer quant à des «élections crédibles et transparentes pour tous les Algériens». Cette instance «dispose de tous les moyens pour lutter contre la fraude, et est disposée à faire face à toutes les personnes qui tenteraient de bafouer la loi durant les prochaines élections», a-t-il dit à maintes fois. Cependant, le président de la Hiise semble faire aujourd'hui machine arrière en citant des cas avérés de fraude, enregistrés dernièrement. Derbal ne le fait pas directement, mais semble avoir perdu la volonté qu'il avait précédemment. En effet, lors de son passage, hier, à l'émission «L'invité de la rédaction», sur les ondes de la de la Chaine lll de la Radio nationale, Derbal n'a pas cessé de confirmer que son instance veillera à garantir la transparence et la crédibilité du scrutin du 4 mai prochain, mais une fois interrogé si la Hiise bénéficiait des moyens propres à mener sa mission, il a répliqué sur un ton incertain. «Elle a peu de moyens, mais pas tous les moyens». Il a assuré, cependant, qu'elle entend malgré tout rester «indépendante» dans ses actions. Abdelawahab Derbal a souligné que ce n'est pas seulement l'instance qui est chargée de la crédibilité des élections, «mais les partis, le gouvernement, les médias, la société civile, doivent jouer aussi ce rôle». «Nous sommes là pour garantir la crédibilité des élections en appliquant la loi, et nous faisons barrage à tous les gens qui voudraient passer par des moyens illgaux». Alors qu'il y a peu, il martelait que son instance est chargé de tout cela, Derbal implique aujourd'hui «tout le monde dans la réussite des élections». Chose qui n'est pas fausse, mais entre les déclarations d'avant et celles d'hier, il y a bel et bien un autre discours chez Derbal. S'il réaffirme l'engagement de la Haute instance à défendre le «choix des électeurs, en veillant à protéger la transparence des urnes», Derbal n'en reconnait pas moins qu'au vu des expériences vécues durant plusieurs années, «on ne peut changer toutes les choses à la fois». Et d'avouer qu'il y a «un manque de confiance chez les gens». «C'est à nous de travailler sérieusement, et de dire à notre peuple qu'on peut faire quelque chose de bien pour nous-mêmes». «L'instance a été installée et nous avons commencé à travailler; nous avons des prérogatives avant, pendant et après les élections». «La première expérience a été avec l'assainissement du corps électoral, et dans ce chapitre nous sommes satisfaits des résultats accomplis avec nos collègues du ministère de l'Intérieur», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «C'est la première fois depuis l'indépendance que nous avons un tel corps électoral. En ce qui concerne les signatures, il y a beaucoup de murmures; des gens parlent ici et là de la fraude des signatures, etc.». Au sujet de la fraude, il a dira : «Nous avons eu vent de ces rumeurs, mais nous n'avons pas été saisi officiellement jusqu'à maintenant». «C'est vrai qu'il y a eu des cas de flagrant délit». Et d'affirmer que «les auteurs de ces fraudes, et ceux impliqués dans le marchandage de candidatures, ont pu finalement être débusqués, présentés à la justice et incarcérés».