La politique du médicament a fait l'objet, hier, d'une journée d'étude organisée par le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) en présence de Salima Cherif, conseillère chargée de la santé et de la solidarité auprès du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, des cadres du ministère du Travail, de l'Emploi, de la Sécurité sociale et des représentants des différentes caisses de Sécurité sociale (CNAS et Casnos). Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a, quant à lui, brillé par son absence. Un fait relevé par de nombreux participants à cette journée nationale du Snapo. Une liste de 140 médicaments est actuellement en rupture dans les officines, dont 40 sont fabriqués localement. Une rupture que le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière veut à tout prix minimiser. «Cette rupture touche des produits fabriqués localement comme les antibiotiques injectables et autres produits tels que la vitamine B12 fabriquée par Saidal. Il y a aussi les médicaments importés de première nécessité comme certains antidouleurs prescrits pour les cancéreux», a indiqué Messaoud Belambri, président du Syndicat national des pharmaciens d'officines (Snapo), lors de la journée nationale du Snapo, organisée hier à Alger, sous le thème «Le pharmacien et la politique du médicament», en précisant que la liste était déjà plus longue, il y a quelques semaines et de rappeler que le Snapo a joué son rôle de veille sanitaire. «Nous avons confirmé le constat fait par tout le monde et nous estimons avoir joué notre rôle. C'est une réalité que nous vivons et que ne nous pouvons pas nier. Le pharmacien se retrouve aujourd'hui face à des patients que nous n'arrivons pas toujours à satisfaire», a-t-il souligné, tout en craignant une rupture plus accrue dans les prochains mois, vu le retard enregistré dans la signature des programmes à l'importation par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. «Les stocks ont dû être épuisés puisque, selon les représentants de l'Unop, aucun avenant n'a été signé pour l'année 2016. A cela s'ajoute le retard dans la validation des programmes à l'importation. Il y a donc un double impact sur la disponibilité des médicaments, dont certains sont pratiquement inexistants dans certaines pharmacies. Des procédures d'urgence doivent être engagées pour éviter des situations plus dramatiques», a-t-il averti. Ainsi, le pharmacien, a-t-il précisé se retrouve comme acteur principal dans la problématique de la disponibilité du médicament, car il fait face tous les jours à des patients qui ont besoin de leurs produits, qui sont parfois vitaux. La journée s'est articulée donc autour du rôle du pharmacien dans la dispensation du médicament, notamment pour les produits d'oncologie et l'accompagnement du patient atteint du cancer. Comme il a été question aussi de la participation du Snapo au conseil consultatif de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques qui vient tout juste d'être installée. L'introduction du pharmacien assistant, élément important dans l'officine a été également évoquée avec la présentation de l'expérience française en la matière. Un aspect introduit dans le nouveau projet de loi sur la santé en attente d'être examiné au niveau de l'APN, a souligné M. Belambri qui, par ailleurs, précise que le pharmacien contribue de manière continue à la politique engagée par le gouvernement dans l'industrie pharmaceutique, et qui porte principalement sur l'encouragement de la production nationale, la rationalisation des dépenses à travers la création de groupements de pharmacie, la distribution, etc. «La réflexion est également engagée dans la création d'unités de production à petite échelle», a-t-il ajouté, tout en revenant sur l'importance de la spécialisation des pharmaciens d'autant que le nombre de pharmaciens est actuellement en hausse. «Nous n'avons jamais limité l'accès à cette formation en fonction des besoins réels, d'où la problématique rencontrée aujourd'hui», a-t-il relevé, tout en insistant sur le principe du numerus clausus. «Actuellement, il y a un pharmacien pour 3000 habitants, alors que les normes fixées par l'Oms c'est un pharmacien pour 5000 habitants», a-t-il déploré.