Dont acte. Le Président n'est pas malade, il a été très malade et il n'est plus malade. Le peuple est rassuré et les médecins peuvent redevenir médecins, après avoir été pendant un an des experts en analyses politiques. Cheb Mami peut retourner à ses occupations favorites, chanter ou tabasser ses fans, et les médias devront trouver d'autres sujets pour meubler les week-ends et les pages blanches. Mais si le débat sur un troisième mandat est maintenant médicalement relancé, il reste un problème au fond du bulletin de santé ; il est toujours navrant d'apprendre les choses algériennes sur les télévisions françaises. Dans ce cas précis, il a fallu l'arrivée de Sarkozy et une déclaration du président algérien, face aux caméras françaises, pour apprendre ce que tout le monde aurait dû apprendre en Algérie face aux caméras algériennes, même s'il n'y en a qu'une. Dans ce vieux mépris pour les questionnements internes, dans cette explication par ricochet à la question qui taraude les Algériens depuis un an, la réponse aura été donnée de l'intérieur pour l'extérieur. Aux partenaires économiques, aux investisseurs étrangers, aux cabinets de stratégies internationales, mais pas aux Algériens qui auraient pu encore attendre très longtemps des réponses précises. Pourquoi ? Parce que. Les Algériens ne sont pas assez mûrs ou trop, c'est-à-dire pourris. Les Algériens sont des enfants qui ne savent que jouer à la guerre et s'amuser autour des hypothèses de succession les plus farfelues. Mais vu de loin, un Français pourrait trouver la méthode très normale ; le Président s'est fait soigner en France, c'est à la France de s'expliquer sur son état. Même chose pour l'entourage présidentiel, qui trouve la stratégie de communication très logique ; ce sont les Algériens qui ont rendu malade le Président, ils n'ont pas à savoir si ça va mieux.