Le FMI met en avant la possibilité pour l'Algérie d'envisager certaines alternatives de financement, y compris les emprunts extérieurs et la cession d'actifs publics. L'Algérie devrait envisager un recours à l'endettement extérieur et à des opérations de privatisation pour redresser progressivement ses finances publiques. C'est ce qu'a préconisé hier une équipe du Fonds monétaire international (FMI), à l'issue d'une mission d'évaluation de l'économie algérienne, menée du 7 au 20 mars à Alger, dans le cadre des consultations qu'effectue habituellement le Fonds avec ses membres, au titre de l'article IV de ses statuts. «Etant donné le niveau relativement bas de la dette publique, l'Algérie pourrait se permettre un redressement un peu plus progressif des finances publiques que ne le prévoit le budget à moyen terme actuel», a ainsi déclaré hier le chef de la mission du FMI, Jean-François Dauphin, lors d'une conférence de presse à Alger. Estimant nécessaire d'éviter une réduction «trop abrupte» du déficit des finances publiques afin d'atténuer le risque d'un «très fort ralentissement de la croissance», le représentant de l'institution de Bretton Woods a tenu à mettre en avant la possibilité pour l'Algérie d'envisager certaines alternatives de financement, y compris, a-t-il dit, «les emprunts extérieurs et la cession d'actifs publics». Globalement, relève le représentant du FMI, l'Algérie reste confrontée à des défis importants nés de la baisse des cours pétroliers qui devraient, selon lui, demeurer bas, d'où la nécessité d'apprendre désormais à vivre avec. En guise de bilan pour l'année écoulée, l'institution financière internationale constate en substance que «l'activité économique a été globalement résiliente», même si la croissance en hors hydrocarbures s'est ralentie à 3,4%, «sous l'effet de la réduction des dépenses». Du reste, rappelle le Fonds, l'inflation s'est chiffrée à 8,1% en janvier dernier, le chômage s'est accru à 10,5% en septembre 2016, tandis que les réserves officielles de change, «bien qu'encore abondantes», se sont contractées à 113 milliards de dollars, hors droits de tirage spéciaux (DTS) — sorte de monnaie du FMI. S'agissant des ajustements entrepris pour faire face à la crise pétrolière, le Fonds souligne notamment que les pouvoirs publics ont pu réduire de «façon notable» le déficit budgétaire en 2016 et ont adopté «un ambitieux plan de redressement des finances publiques» s'étalant jusqu'à 2019. Toutefois, il est recommandé d'éviter un ajustement trop brutal des dépenses qui viendrait remettre en cause la croissance et l'emploi, de même qu'il est nécessaire, selon le FMI, de faire en sorte que le poids des réformes soit équitablement partagé, tout en préservant l'investissement dans la santé et l'éducation afin de préserver «l'acquis primordial» que constitue la stabilité sociale. Dans le même ordre d'idées, «un système de soutien direct aux personnes les plus défavorisés, réitère le Fonds, devrait remplacer le dispositif actuel de subventions à l'énergie», ce dernier étant, selon la même institution, à la fois trop coûteux et bien plus profitable aux ménages aisés qu'à ceux vulnérables. Du reste, estime encore le FMI, il faut poursuivre les efforts visant à aligner la valeur du dinar sur la situation de l'économie, améliorer le recouvrement de l'impôt tout en rationalisant les exonérations, assouplir la règle dite des 51/49% qui régit l'investissement étranger, améliorer le climat des affaires et l'accès aux crédits et, enfin, renforcer la gouvernance et la transparence. L'enjeu primordial, note en définitive l'institution de Bretton Woods, est d'«agir sans tarder, car il faut un certain temps pour que les réformes structurelles produisent leurs effets».